Espace et lieux
Le numérique(note: J’utilise ici le mot dans un sens très large, en me référant à l’ensemble des technologies numériques, ainsi qu’aux pratiques qui leur sont associées. Pour une définition plus précise et pour une identification des enjeux de ces mot, je renvoie à Vitali-Rosati (2021).) a une dimension spatiale forte. Il existe désormais un consensus à ce sujet dans la communauté scientifique. Après l’idée, prépondérante dans les années 1990, selon laquelle les technologies ouvriraient un espace parallèle – le topos de la réalité virtuelle et du “cyberespace” tel qu’imaginé, notamment, par Barlow (1996) –, il est devenu évident depuis le début des années 2000 que le numérique est aussi un espace réel, habitable(note: Voir des travaux comme ceux de Bolter (1991) ou Galloway (2004), dans le monde anglophone, suivis par ceux de Lévy (1995), Beaude (2012) et Vial (2013), pour n’en citer que quelques-uns dans l’espace francophone.). Comme j’ai moi-même eu l’occasion de le souligner à plusieurs reprises – notamment dans le cadre de la théorie de l’éditorialisation (Vitali-Rosati, 2016a, 2016b; Vitali-Rosati, 2017 ; Vitali-Rosati, 2018) –, le numérique est un espace architectural, non pas dans un sens métaphorique (“comme” un espace) mais au sens propre : c’est un véritable espace. C’est notre espace de vie principal.
Je disais, par exemple que :
Il est important de souligner que si nous comprenons le mot « numérique » dans un sens culturel, l’espace numérique est notre espace principal, l’espace dans lequel nous vivons,…