violence
Intersectionnalité et différences anthropologiques
On ne devient sujet (soi-même) que parce qu’on est déjà sujet (assujetti). Etienne Balibar explore depuis des années ce paradoxe, qui noue l’expérience et le pouvoir, le vécu et les structures. Il y revient ici dans ce texte magistral, qui déploie une des versions les plus abouties de son anthropologie politique, en analysant les liens d’analogie et de complémentarité entre le concept qu’il a introduit dans les années 1990, celui de « différences anthropologiques », et le thème désormais familier de l‘« intersectionnalité ». Dans les deux cas, aussi bien le pouvoir que la résistance s’appuient sur une multiplicité de déterminations qui font émerger un sujet qui existe d’autant plus qu’il ne peut se rassembler dans une unité cohérente. Une belle leçon de philosophie, animée par une question simple et inépuisable: comment convertir la passivité en activité, qu’est-ce qu’une libération?
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Où elle est
Comment faire des violences, celles que l’on subit comme celles dont on est responsable, la matière d’un poème. Comment les donner à entendre et à sentir sans adopter une position de surplomb. C’est tout l’objet de « Où elle est » de Frédérique Cosnier. Derrière la formule incantatoire de l’indignation, nécessaire mais souvent simplificatrice, elle expose les cacophonies de la violence ordinaire, de l’intime au collectif, du « je » témoin et potentiellement agent au « nous » introuvable mais inlassablement convoqué. En accueillant la pluralité des voix et la continuité parfois contradictoire de leurs paroles, elle répond à la question que posait Ghérasim Luca à la langue du poème (qui est tout sauf intransitive) : « comment s’en sortir sans sortir ».
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