« Là_Soirée du 12.12.24 »,

Interroger le commun en poésie, c’est aussi questionner les devenirs de l’érotisme en littératures, à l’époque du tout-porn, de la surmédiatisation des désirs et de leurs avatars en sucre pour marchés porteurs. Loin des séductions sur papier glacier, la poésie de Florence Andoka se fait à la fois frontale et cryptée, s’habille volontiers de noir, mêle des motifs de dentelle référencés au prosaïsme d’une crudité qui peut encore se faire surprenante. Quelles sont les voix possibles d’eros de nos jours, quand le corps, partout malmené, parfois durablement abimé, réinvente l’expérience du jouir en même temps que son dire ? Le poème « Là_Soirée du 12.12.24 », accompagné de l’image « ici ou là » peut se lire comme une proposition de réponse. Ouvrant aussi d’autres questions.



Je ne sais plus à quel sein

Ni si sain prend un T

Ce que tu ignores également

Parfois j’ai envie

Mais rien

Ne vient qui ressemble

À un rire sérieux

Du cœur

En ai-je ?

Ce n’est pas le problème

Qui s’accumule en couches épaisses

Tandis que les étoiles sont à tout le monde

HEV

Entre tes lèvres basses

Je respire

Avec mes mains

Qui font le tour

D’un champ mouillé

De consciences léchées

Dérapage lyrique

Du DR Dre

Je ne sais pas s’il respire

Encore des histoires

De la chair à pourquoi

Si, ça, moi

*

Rester là avec ce qui

Traverse

Consiste à

Donner son bassin à la lumière

Demande

Mieux que ça

Pelvis, pubis, ischium

Elle visse

Se déhanche sans ménagement

Le titane permet ça

Les larmes sublimes du psoas

Dans quinze à vingt ans

Tout ceci sera

Délivré de l’importance

*

De petits escargots

Porteront des flammes

Au désert

Assumeront

Le travail sans relâche

D’être

Lucifer annonce le matin

Wiki wiki wiki

La nuit est perdue

La raison retrouvée

Ça s’englue

Ni ne chie, ni ne baise

Catherine M et Gilles D portent

Les ongles un peu longs

Sans ornements de couleur

Contrairement à Georgina & moi

Toute vague a sa réserve

Pas pour longtemps

Pimprenelle

Emmurée

Pratique le voyage astral

Mon clitoris est une petite planète

Ta pompe à prostate aussi

Comme tout

Ce que l’on se demande

Autour du lac

Où poussent les ancolies

Se délivrent les chiens

Un matin de goguette

L’horizon s’éclaircit

Ta coquille a des trous

*

Peu à peu

Peau à mieux

J’apprends les disques mous

Ronronner ou mourir

Ce qu’aimer veut

Contre le matelas

De la chambre cuisine

Grasse mais pas tant

Mireille, Mathieu et Michel roulent

À vive allure

Fourchent les certitudes

L’écran scintillant

Des choses bien faites

Des savoirs agrandis

Ma jeunesse sent la fleur

D’oranger en spray

Ristourne sur admiration

Impossible

De revenir en arrière

Une vie c’est déjà beaucoup

Votre mouche Madame

Sur l’inoubliable joue droite

Prothèse prophétique

NRJ de vénération

Le coup du mimétisme ascendant

Une fois sur deux

En cas de réussite

Sirius renverra Micromégas

Faire la leçon

Même les Starseeds et les zèbres

Auront peut-être tort

Au jeu du grand pourquoi

Aujourd’hui jeudi

Est le jour des croissants

Du soleil et de la muscu

Encore un effort

Bel ogre

-toi

Axe terre-ciel

Linoléum crépi

Aquarelle selfie

Linéaments de lumière

*

Au triangle des Bermudes

Du vomi de narines

Les succulentes prospèrent

Que de ringardises émouvantes

En application locale

L’inflammation est désormais

Chronique du jour

Qui vient

Ressasse

Les plaisirs décuplés

Des babines du destin

Amour ahurissant

Palpe-moi les lobes

Que je m’endorme

Un peu plus vite

C’est moche

Quand la nuit a des trous

Chaque tourelle détient

Les secrets du médire

Position haute ou basse

Qu’ils disent

C’est pareil à la fin

La machine à respirer

Respire machin

Montre-toi mignon

Montre-moi ta rose

Et je te montrerai

Outre mon mucus

Un rosebud

Ma difformité physique

Arrosé d’oud, de moula

De camphre immaculé

Si qui perd gagne

N’est pas une coutume propre

D’autres sont en délire

Avec du myosotis

Relie toujours

Le bruit courtois

De la De’longhi

Au bonjour robuste

Des femmes

Au jardin de l’immeuble

Où les sourires sont d’or

Pas le temps ce matin

D’entretenir demain

Ça sera Sainte-Lucie


Comment citer ce texte

Florence Andoka , « « Là_Soirée du 12.12.24 », », Les Temps qui restent, Numéro 4, Hiver (janvier-mars) 2025. Disponible sur http://lestempsquirestent.org/fr/numeros/numero-4/la-soiree-du-12-12-24