Notre monde a changé, il s’est transformé en quelque chose de différent. Cette « chose », certain-e-s l’appellent « anthropocène » ; d’autres s’y réfèrent comme à notre « Nouveau Régime Climatique » ; d’autres préfèrent des noms plus spécifiques(note: Je pense ici à la proposition éco-marxiste du « capitalocène » (Moore, 2015) ou encore à la notion de « plantationocène » (Mitman 2019)), voire à la notion du « chtlulucène » (Haraway, 2021).). Certain-e-s notent que les termes pour désigner ce nouveau monde prolifèrent par centaines (Hallé et Milon, 2020). Cependant, ce que toutes ces notions relèvent unanimement, c’est que nous sommes entrés dans une nouvelle période de l’histoire naturelle et humaine, que nous vivons sur une planète de plus en plus endommagée écologiquement, que les causes de ce processus sont humaines, et qu’il en résulte une terre moins accueillante pour les différentes formes de vie, celle des humains comprise. En somme, nous vivons dans un temps où les conditions d’habitabilité de la planète sont menacées et nous savons que ce sont des actions humaines et collectives qui sont à l’origine de cette catastrophe planétaire.
D’autres ont déjà fait remarquer que cette situation tendue ouvre une « crise des sensibilités(note: Baptiste Morizot, par exemple, propose de comprendre la crise de la sensibilité vis-à-vis des autres êtres vivants comme à la fois « un effet et l’une des causes de la crise écologique à laquelle nous faisons face » (Morizot, 2020).) » entendue comme une crise de notre perception et de notre sensibilité vis-à-vis des formes de vi…