La rubrique Interventions accueille les contributions dont l’objectif est d’intervenir directement sur un problème déjà constitué dans l’espace public et à destination d’un public aussi large que possible. Les Temps qui restent n’imposent aucun format, ni de style, ni de taille, ni de ton. Cependant, les « Interventions » doivent faire un effort pour aller chercher les lecteurs et les lectrices de la manière la plus ouverte et la plus généreuse possible. Il ne s’agit donc pas de textes savants, même s’il peut s’agir de propositions intellectuellement exigeantes. Les « interventions » peuvent être par exemple : des prises de positions ou des analyses sur des questions d’actualité au sens le plus large ; des critiques (de livres, de films, de pièces de théâtre, d’exposition, etc.) ; des exercices de médiation, permettant de faire connaître à un public plus large des travaux scientifiques ou techniques, y compris des travaux publiés dans la rubrique « Études » des TQR.
Entre deux transitions,
l’insoutenable légèreté du numérique
l’insoutenable légèreté du numérique
Dans l’imaginaire écomoderniste, transition numérique et transition écologique seraient «jumelles». Dans la réalité, l’infrastructure numérique n’est qu’une couche supplémentaire de la technostructure qui enfonce un peu plus les « Modernes » dans la Terre, loin de l’utopie de la «légèreté» du numérique qui a accompagné son expansion. Luca Paltrinieri, dans cette introduction au dossier «Le numérique revient sur Terre», qu’il a dirigé, dresse un état des lieux précieux des travaux défendant cette «rematérialisation du numérique». Il insiste par ailleurs sur la nécessité de faire converger les théories de l’aliénation digitale et celles de la reterrestrialisation de nos existences - autrement dit, temps de cerveau disponible et temps qui restent!
Lire la suite
La face cachée de l’« intelligence artificielle » : enjeux écologiques, psychiques et politiques des automates numériques
Une intelligence simplement humaine n’a jamais existé : les esprits individuels et collectifs n’ont cessé de se transformer à travers l’évolution des supports artificiels qui permettent de les extérioriser. Pourquoi alors, aujourd’hui, les machines deviennent-elles « spirituelles » ? Pourquoi, au lieu de libérer les humains du travail, semblent-elles transformer leur utilisateurs en ressource ? Au cours de ce voyage dans l’écologie mentale du numérique au temps de l’IA, Anne Alombert montre la naissance d’une technologie intellectuelle d’asservissement des esprits, générant la prolétarisation linguistique et symbolique, homogénéisant le langage et éliminant les singularités. L’espoir se loge dans la collaboration des esprits qu’une telle technologie présuppose.
Lire la suite
Après la défaite.
La nouvelle idéologie arabe
La nouvelle idéologie arabe
Comment l’assassinat de Hassan Nasrallah a-t-il pu être accueilli par des commentaires triomphalistes de la part de l’Iran et du Hezbollah, y voyant la perspective d’un renforcement de la résistance ? Comment le Hamas a-t-il pu ne pas anticiper la réaction génocidaire des dirigeants israéliens, avec la complicité de sa propre société et de l’ordre international, après les massacres du 7 octobre ? L’anthropologue Hamza Esmili met ces dénis de réalité dans une perspective historique interne à la société israélienne et aux sociétés arabes, qui remonte à la défaite égyptienne de 1967. Un vigoureux plaidoyer pour la lucidité historique et contre les pièges d’un anti-impérialisme incantatoire qui se moque des victoires réelles tout autant que des victimes.
Lire la suite
Une autobiographie au point de rupture:
les mémoires de Beauvoir adaptés au théâtre
les mémoires de Beauvoir adaptés au théâtre
Jusqu’au 20 décembre 2024, les Ateliers Berthier présentent une pièce ambitieuse de la compagnie Animal Architecte, qui met en scène la vie de Beauvoir racontée par elle-même. Mais le dispositif brise avec beaucoup d’intelligence l’illusion biographique, en insistant sur l’importance de la guerre d’Algérie dans le projet mémorial de Beauvoir. Entre mémoire d’une vie, histoire collective et héritage d’un siècle, Beauvoir revient au coeur de notre présent.
Lire la suite
« Réponse à la question : Le queer a-t-il tué le camp ? »
Dans ce texte, Pierre Niedergang s’interroge sur la disparition supposée de l’humour camp au profit des esthétiques queer. Le camp, stratégie esthétique d’abord liée à la situation des hommes gays au début du XXe siècle, a-t-il survécu aux transformations des conditions politiques et sociales des principaux intéressés ? En retraversant les classiques de la théorisation du camp à partir des enjeux contemporains, et à partir du travail de la performeuse Naëlle Dariya, l’auteur entend conceptualiser la possibilité d’un camp queer pour le XXIe siècle, un camp pour les temps qui restent.
Lire la suite
Pendant ce temps la Terre soufflait
(Sur Umwelt de Maguy Marin)
(Sur Umwelt de Maguy Marin)
Pour sa deuxième chronique, Déborah Bucchi nous conduit à Bobigny, où elle a vu en mai 2024 Umwelt, spectacle chorégraphique de Maguy Marin. D’abord déçue par cette allégorie acide d’une modernité ravagée où c’est « chacun son monde », son esprit décroche. Mais dans cette distraction même, quelque chose se fait sentir : la soufflerie qui vient de la périphérie donne alors une idée plus positive de la manière dont la scène peut nous ramener sur Terre. Une leçon, modeste mais précise, d’esthétique terrestre.
Lire la suite
Mémorandum sur le génocide en cours à Gaza et ses implications concernant Israël et la Palestine
Invité à un colloque qui se tient en ce moment même en Afrique du Sud, Etienne Balibar a rédigé ce « memorandum », exprimant, de la manière la plus synthétique possible, ses « positions » sur « Israël et la Palestine », « en tant qu’intellectuel, en tant que communiste, en tant que juif ». Avec ce texte fort, Les Temps qui restent ouvre un espace de discussion autour de cette question cruciale et douloureuse, où se mesurera la capacité de notre société à faire vivre un débat à la hauteur de la gravité des enjeux.
Lire la suite
Où sont passés les moineaux?
Pour ce troisième épisode de sa chronique « Chansons vertes et rouges pour Les Temps qui restent », Michel Arbatz invite le chanteur belge Claude Semal, qui est aussi un parolier de haute couture, à la plume pleine d’humour et d’acuité politique.
Lire la suite
Du genre moderne, les Jeux olympiques ?
Les JO de Paris 2024 constitueront les premiers jeux strictement paritaires de l’histoire. Le CIO ne prétend-il pas que «les Jeux Olympiques sont devenus l’événement sportif le plus important et le plus égalitaire du monde»? La sociologue Annabelle Caprais montre ici que, sur les questions de genre, la réalité est plus complexe. Elle revient non seulement sur le poids de l’histoire (notamment les discours historiques de Pierre de Coubertin contre les femmes sportives), mais aussi sur des problématiques contemporaines, telles que les équipes mixtes ou les tests de féminité.
Lire la suite
Introduction au dossier
« Les Jeux sont faits »
« Les Jeux sont faits »
Paul Virilio : l’état de guerre permanent
Alors que Le Seuil réunit 22 ouvrages de Paul Virilio dans un «livre-bunker», Philippe Petit nous invite à redécouvrir la pensée de cet auteur inclassable, autodidacte, urbaniste, essayiste, qui eut son heure de gloire dans les années 1990-2000, mais semble aujourd’hui un peu oublié, et surtout mal compris. Virilio anticipe un monde de «guerre pure», généralisée, où l’information s’ajoute au ciel, à la mer et au sol comme terrain d’affrontement, un monde dont le temps infini est rattrapé par l’espace de la Terre finie, où «l’écologie grise» des infrastructures importent plus que la faune et la flore… un monde qui ressemble beaucoup au nôtre!
Lire la suite
Vues de Liège #2
Ici, on renoue avec l’esthétique de la pérégrination fragmentaire. Deuxième série des «Vues de Liège» de François Provenzano, Grégory Cormann et Jeremy Hamers.
Lire la suite
La montée de l’extrême droite, vue d’Allemagne
La résistible ascension de l’extrême droite est un phénomène mondial. Au moment où les discussions sont en cours sur le prochain gouvernement et où la gauche s’interroge sur la meilleure stratégie, le sociologue Peter Wagner suggère de tirer les leçons de l’expérience allemande et d’observer les résultats de la dernière élection européenne, pour savoir ce qui pourrait enrayer l’extrême droite durablement - et ce qui, au contraire, la nourrit.
Lire la suite
En Belgique aussi
En Belgique, les élections européennes étaient couplées à des élections législatives à tous les niveaux de pouvoir. Il en ressort un tableau assez complexe, mais qui correspond, dans les grandes lignes, à la tendance dominante en Europe. Le philosophe et politologue belge Vincent de Coorebyter livre ici une synthèse éclairante à destination du public français.
Lire la suite
Il ne s’agit pas seulement d’une élection
À partir de son expérience brésilienne et d’une observation de l’extrême-droite internationale, le philosophe Vladimir Safatle avertit : les conquêtes électorales de l’extrême-droite ne s’inscrivent pas dans une logique d’alternance, mais dans un projet révolutionnaire. Projet qu’il tente ici brièvement de caractériser.
Lire la suite
Égalité, environnement, démocratie: le Nouveau Front Populaire entre deux siècles
Il existe un large consensus sur le fait qu’un projet politique progressiste aujourd’hui doit combiner les revendications démocratiques, sociales et écologiques. Le Nouveau Front Populaire, s’il devient plus qu’un accord électoral à court terme, vise exactement cela. Mais une telle démarche doit tenir compte d’un fait historique : l’urgence écologique est née du fait que, depuis le milieu du xxe siècle, les élites occidentales ont tenté de résoudre la question sociale et ses risques politiques en mobilisant les combustibles fossiles. Cet article retrace l’histoire de l’impasse dans laquelle les États occidentaux se sont mis eux-mêmes en choisissant cette solution au nouage des trois questions.
Lire la suite
Dans la peau d’Emmanuel Macron
La dissolution de l’Assemblée Nationale, décidée par Emmanuel Macron, est-elle un bel acte de confiance démocratique, ou bien une sinistre manoeuvre tactique qui court-circuite le jeu démocratique? Un acte profondément anti-démocratique, répond le philosophe Patrice Maniglier, qui se livre ici à une étrange expérience: il écrit le discours qu’aurait dû prononcer Emmanuel Macron, s’il avait vraiment voulu procéder à une «clarification» démocratique. Une occasion pour réfléchir à la vérité et au mensonge politique.
Lire la suite
Éditorial : Les Temps qui restent pour le Nouveau Front populaire
Ce qu’on ne voit pas
L’ « invisible » en socio-économie a connu bien des avatars, de la fameuse « main invisible » d’Adam Smith à nos actuels « invisibles » du marché du travail, sans oublier le secret, dévoilé par Marx, des invisibles rapports de production sous-tendant la circulation du capital. Ulysse Lojkine propose ici, en philosophe, une brève histoire de la répartition économique du visible et de l’invisible et des conséquences de ces choix.
Lire la suite
La planète et la guerre
Le grand historien post-colonial Dipesh Chakrabarty avait marqué les esprits en faisant remarquer qu’avec l’apparition de la notion d’anthropocène, le partage entre histoire et géologie était remis en question. Il prolonge cette réflexion, en montrant comment la guerre, cet objet fondateur de l’histoire depuis Thucydide, ne saurait plus désormais se penser sans la planète. La guerre ne peut déplacer les frontières à la surface de la terre, sans transformer la terre tout entière, notamment du fait de son caractère massivement émetteur en gaz à effet de serre. Cette nouvelle donne appelle à une nouvelle réflexion morale, politique et stratégique sur la guerre. Un texte d’une extrême actualité.
Lire la suite
Faut-il décoloniser les musées d’histoire naturelle ?
La politique des désarmés
Scavenger’s Reign
Sur les multiples manières de « devenir sensible » au temps de l’Anthropocène : pour un nouvel existentialisme
Des Temps Modernes aux Temps qui restent :
Histoire et avenir d’une revue, histoire et avenir du monde
Histoire et avenir d’une revue, histoire et avenir du monde
Ce texte a servi de programme pour la constitution du collectif et de la revue Les Temps qui restent. Patrice Maniglier y explique pourquoi le geste de fondateur de la revue Les Temps Modernes après la Deuxième Guerre Mondiale peut et doit être rejoué dans la conjoncture actuelle. Non plus, cependant, au nom de cette totalisation ouverte qu’était l’Histoire selon Sartre, mais au nom de cette autre figure de la totalisation qu’est l’irruption du Terrestre, sur laquelle bute l’idée même de Modernité. Le texte se conclut par une description détaillée du site et de sa gouvernance.
Lire la suite
La grande désynchronisation
Pour le géochimiste des « zones critiques » qu’est Jérôme Gaillardet, la Terre n’est pas un stock fini de ressources, c’est un ensemble de cycles de natures et d’échelles spatiales et temporelles très différentes, mais entrelacés. Un processus qui prend des millions d’années ouvre à un autre qui prend quelques secondes, qui à son tour en entretient un autre de plusieurs centaines d’années. Le global s’articule au local directement : dans le temps. Toute vie s’improvise dans ces cycles, les reproduisant et les altérant à la fois. Le « temps présent » n’est pas celui d’un épuisement des ressources planétaires, mais une grande désynchronisation : une forme de vie particulière bouleverse les cycles qui la rendaient possible sans s’ajuster à ces changements. Réajuster les temps, tel est le défi des « temps qui restent ».
Lire la suite
Në ropë
Restes et devenir des restes au théâtre, Sur Chants d’adieu d’Oriza Hirata
La chronique de théâtre de Déborah Bucchi commence par une lecture de Chants d’adieu d’Oriza HirataTraduit du japonais par Yutaka Makino, Besançon, Les Solitaires Intempestifs, 2007., une fiction dramatique sur le poids des modernités française et japonaise, et ce qu’il en reste.
Lire la suite
Sur la catastrophe informatique : une fin de l’historicité ?
La catastrophe digitale en cours fait des humains des inforgs, des organismes configurés et traités par l’informatique. Cela reconfigure les relations de pouvoir, de travail, et de production et circulation du symbolique : ce sont des conséquences anthropologiques. Elles nous font courir le risque de la disparition de l’historicité.
Lire la suite