La rubrique Études accueille les contributions qui revendiquent un caractère spécialisé et peuvent n’être accessibles qu’à des personnes dotées d’une culture savante. Il peut s’agir de publications scientifiques à proprement parler (relevant soit des sciences humaines et sociales, soit des sciences naturelles, voire des disciplines d’érudition), mais aussi de notices techniques, de constructions philosophiques, d’analyses juridiques, etc. Là encore aucun format particulier n’est imposé, mais ces études sont évaluées par des experts dans la discipline concernée désignés par le Conseil ou le Comité Exécutif, sur accord du Comité scientifique.
Démanteler des réseaux en ruine:
Câbles sous-marins et biodiversité en mer Méditerranée
Câbles sous-marins et biodiversité en mer Méditerranée
Ayant une vie, les câbles sous-marins de télécommunication ont aussi une fin de vie. Comment meurt un câble sous-marin et comment en hériter ? Ces questions soulèvent celle de l’interaction entre toute une panoplie d’agents divers et variés : autorités locales et internationales, propriétaires des câbles, experts écologues, institutions pour la protection de l’environnement, agents chargés du démantèlement et d’autres, non des moindres: poissons, corail, herbiers. En racontant dans le détail l’histoire de la dépose d’un câble près de Martigues, Clément Marquet montre le jeu des temporalités différentes par lequel se définit l’horizon ouvert d’une surveillance et d’une maintenance des conditions de cohabitation entre les réseaux et les écosystèmes.
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Décoloniser l’écologie du numérique
En mettant en évidence les infrastructures matérielles du numérique, on en expose aussi l’héritage colonial. Car l’activité minière sur laquelle repose la numérisation du monde s’inscrit dans les relations asymétriques entre le Nord et le Sud qui font la «colonialité» de ce monde. On ne peut se contenter de calculer les émissions carbone du numérique, sans parler des corps empoisonnés par l’extraction des métaux au Congo et ailleurs. Mais la colonisation est aussi celle des esprits, partagés entre fatigue de la connexion et impératif à la déconnexion. Dans ce texte, Laurence Allard met le projecteur sur plusieurs initiatives qui articulent de fait une perspective écologique et une perspective décoloniale, qu’il s’agisse d’une association lyonnaise qui fait connaître les conditions d’extraction au Congo ou d’un «repair café» parisien qui apprend à puiser dans ces «mines urbaines» que nos villes sont devenues. Loin des injonctions, une description des initiatives qui sont déjà en train d’inventer des manières d’être dans les temps qui restent.
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L’impératif de la sobriété numérique
Après avoir longtemps été présenté comme « immatériel », le numérique déclenche désormais des appels à la « sobriété ». Quels sont les enjeux de cet impératif ? Que faut-il en penser ? Fabrice Flipo commence par revenir sur ce qu’est le numérique, et pourquoi il est une technologie dite « de rupture », au sens schumpétérien du terme, avec ses effets classiquement « pervasifs » notamment en matière écologique. Outre les enjeux quantitatifs, il éclaire le contexte législatif et le jeu d’acteurs, et pose la question de la gouvernance des modes de vie.
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Peut-on rediriger le numérique ?
Réinterroger la place du numérique dans la société est une gageure puisqu’il est présent dans tous les interstices de l’économie, de la vie sociale, du quotidien. Cependant, son impact environnemental, qui ne fait que croître, enjoint de concevoir de nouveaux outils de diagnostic et de penser la possibilité d’une dénumérisation partielle de nos existences. C’est ce que Christel Fauché nomme la redirection écologique du numérique.
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Comment pensent docx, TEI et ekdosis ? Habiter l’espace numérique
L’espace numérique est devenu l’espace de raccordement de tous nos lieux de vie et l’espace principal même dans lequel nous vivons. Mais comment vivre dans l’espace numérique ? Comment rendre l’espace numérique vivable, habitable, désirable ? Pouvons-nous démocratiser l’espace numérique sans aboutir à une uniformisation des lieux ? Et comment penser l’espace numérique tout autant qu’il nous pense ? Marcello Vitali-Rosati répond à ces questions en analysant l‘«architecture» de l’espace numérique à travers les logiciels de traitement de texte, leurs formats d’écriture, leurs spécificités locales, leurs sensibilités textuelles et leurs modes de pensée.
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Dans le bain de l’Histoire:
Sartre, Camus, la guerre d’Algérie
Sartre, Camus, la guerre d’Algérie
Dans ce deuxième épisode de son retour sur la querelle Sartre-Camus, saisie comme un de ces restes toxiques de la modernité avec lesquels il faut apprendre à vivre moins compulsivement, Juliette Simont en vient au cœur le plus douloureux de la controverse : la guerre d’Algérie. Elle montre que les positions respectives des deux hommes traduisent deux rapports à la complexité de l’histoire en train de se faire, complexité qui se trouve écrasée lorsqu’on se contente, après coup, de rejouer leur opposition en oubliant que ni l’un ni l’autre ne prétendaient maîtriser l’histoire. On ne sort jamais du « bain de l’histoire », mais on peut y être emporté de plusieurs manières.
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Les non-conçus comme personnes morales :
spectre d’un nouveau Léviathan
spectre d’un nouveau Léviathan
À partir d’une lecture du livre de Lisa Siraganian, Modernism and the Meaning of Corporate Persons (Oxford Université Press, 2020), qui rapprochait la notion de personnalité juridique de celle d’impersonnalité du sujet dans le modernisme littéraire, Emily Apter montre comment l’arrêt du 24 juin 2022 qui statua que la Constitution américaine ne conférait pas de droit à l’avortement, s’intègre dans le processus ultraconservateur d’extension de la notion de personne morale et de son institutionnalisation politique en corporation, processus qu’ont connu les États-Unis à partir des années 1890. Or, en établissant de la même manière les contours d’une « personnalité fœtale » et d’une personne morale, la justice américaine n’a jamais été aussi près de faire des non-conçus des sujets de droit.
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La Haine du genre.
Sur Qui a peur du genre? de Judith Butler
Sur Qui a peur du genre? de Judith Butler
Le nouveau livre de Judith Butler, Qui a peur du genre ?, entend répondre aux discours anti-genre qui mettent en danger, partout dans le monde, les femmes et les personnes LGBTQI+. Pourquoi cette haine du genre, sur quels fantasmes s’appuie-t-elle et comment y répondre ? Dans sa recension de l’ouvrage pour les TQR, Romain Vielfaure revisite quelques-unes des pistes que propose Judith Butler. C’est également pour lui l’occasion de revenir sur l’évolution de la pensée de Butler, et de questionner la traduction française de son travail. De quoi Judith Butler est-iel le nom ?
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Globale ou locale ?
Sur les échelles du climat entre sciences et droit
Sur les échelles du climat entre sciences et droit
On assiste depuis quelques décennies à une « climatisation du droit ». Mais attribuer des responsabilités juridiques précises pour les phénomènes climatiques oblige à articuler les échelles, du planétaire à l’individuel, du global au local. Dans sa chronique, l’historien Stéphane Van Damme nous introduit aux travaux récents d’histoire des sciences du climat qui montrent que cette question de l’articulation des échelles est au cœur de la climatologie depuis son origine et met en cause des paradigmes à la fois intellectuels, scientifiques et politiques opposés : l’un qui part du global, l’autre qui insiste sur le territoire – et le troisième qui conteste l’idée même de hiérarchie des échelles.
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L’écologie selon Marcuse : théorie et pratique du naturalisme politique
« La nature elle aussi attend la révolution ! » écrivait déjà Herbert Marcuse en 1970. Dans cette étude approfondie, Haud Gueguen et Jean-Baptiste Vuillerod réexplorent la place centrale de l’écologie dans la pensée de ce membre de l’École de Francfort. Marcuse, précurseur d’une véritable théorie critique écologique, a su lier les luttes écologistes de masse aux nouveaux mouvements sociaux des années 70, offrant une vision novatrice et toujours actuelle d’une ontologie naturaliste politique. Une analyse incontournable pour éclairer les débats contemporains sur nature et société dans une perspective de convergence des luttes.
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La querelle qui n’en finit pas:
Sartre et Camus pour le XXIe siècle
Sartre et Camus pour le XXIe siècle
La brouille de Sartre et Camus, nœud névralgique de l’intelligence française au XXe siècle, est devenue un poncif, véhiculé de façon telle que l’on est sommé de prendre parti pour l’un ou l’autre. Est-il possible de l’envisager autrement? Et, au XXIe siècle, d’enfin déroger à cette loi selon laquelle faire justice à l’un des protagonistes implique de décrier l’autre?
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Quel mythe était la philosophie avant la fin du monde ?
Le philosophe Guillaume Sibertin-Blanc présente ici le livre de Mathieu Renault, Maîtres et esclaves. Archives du Laboratoire d’analyse des Mythologiques de la Modernité (Paris, Les Presses du réel, 2024). Cet étrange essai d’anthropologie-fiction, entre Jorge Luis Borges et Claude Lévi-Strauss, déchiffre les fragments de notre propre civilisation déjà disparue en faisant du thème de la « lutte du maître et de l’esclave » le mythe matriciel de la Modernité, celui par lequel à son insu elle aura précipité sa propre perte…
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Politique glitch.
Spectres de l’anarchisme alt-right
Spectres de l’anarchisme alt-right
À l’heure où l’hégémonie mondiale de l’extrême-droite ne fait plus de doute, alors que Trump est devenu favori de l’élection présidentielle aux États-Unis, Emily Apter propose une plongée dans les logiques étranges de l’alt-right étatsunienne, en les prenant au mot, en prenant au sérieux leur langage. C’est en volant à la gauche intellectuelle les thèmes de la «déconstruction», de l’anarchisme, de la perturbation des normes (métaphorisée par le phénomène du «glitch», parasitage d’une image par une autre), qu’elles s’imposent. La gauche doit réinventer un langage, c’est-à-dire une pensée. Une lecture exigeante, mais nécessaire.
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Géopolitique des méga-événements sportifs et soft power
Les Jeux olympiques sont-ils vraiment ces innocents instruments de la paix que l’olympisme a toujours vendus ? En analysant les raisons qui motivent les États à organiser les divers méga-événement sportifs d’aujourd’hui, Michel Raspaud montre dans cet article que ceux-ci sont profondément géopolitiques. Les Jeux olympiques, la guerre continuée par d’autres moyens ?
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« Il ne faut pas que les touristes nous voient… »
Les JO et l’invisibilisation des personnes migrantes à la rue
Les JO et l’invisibilisation des personnes migrantes à la rue
Paris accueille les Jeux, mais chasse les personnes qui y demandent asile. Le plus grand spectacle du monde s’organise en produisant ses invisibles. La géographe Oriane Sebillotte, qui enquête depuis des années sur les campements franciliens de personnes migrant.s sans domicile, livre ici un récit à la fois analytique et immersif, illustré par ses propres graphiques et dessins. Pour qu’au moins les Jeux fassent voir ce que d’habitude on cache.
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L’organisation des Jeux olympiques d’été est-elle rentable ?
Les retombées économiques des Jeux olympiques de Paris 2024 ne posent pas seulement des questions de fait, mais aussi de méthode. Romain Vielfaure revient ici sur certains travaux d’économistes qui permettent de comprendre la nature du problème. Il en ressort que, si le Comité International Olympique (CIO) et les sponsors en sortent gagnants, ce n’est pas le cas pour les villes-hôtes. Mais peut-être le principal bénéfice secondaire qu’on peut attendre de l’organisation des JO de Paris est-il de nous inciter à réfléchir à la manière d’évaluer les coûts et avantages de nos actions en ce monde fragile…
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De la contre-anthropologie comme lutte des peuples dans la théorie
Les droits de la nature : une sortie de la modernité juridique ?
La nature doit-elle avoir des droits ? Dans cet article, Marine Yzquierdo défend l’idée que l’attribution de droits à la nature est une révolution juridique nécessaire pour empêcher la destruction de la nature à laquelle le droit moderne a contribué, et elle montre que cette révolution a déjà commencé.
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Devenir angélique ou humanité perspective :
l’anthropologie chrétienne à l’épreuve des cosmologies animistes
l’anthropologie chrétienne à l’épreuve des cosmologies animistes
L’encyclique du pape François Laudato Si’, en 2015, sonnait comme un virage écologique dans la théologie politique catholique. Invité à se prononcer sur cet événement, l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro soutient que ce retour du christianisme à la Terre bute sur son anthropologie : l’être humain se distingue de toutes les autres créatures par son devenir angélique, promis pour la fin des temps. Il lui oppose une autre manière de penser l’exceptionnalité humaine : celle de « l’animisme », notamment dans les cosmologies amazoniennes, où l’humain est la forme que toute entité a pour elle-même. Ce n’est pas alors dans le temps, mais dans l’espace, que l’humain négocie sa différence. Et de conclure : on a besoin de « procéder à une réforme agraire en philosophie »…
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Décivilisation écologique: apprendre à vivre à l’improviste dans les temps qui restent
L’heure serait à la « transition » vers une « civilisation écologique » ? Restituant l’histoire de cette notion, mise en œuvre ironiquement dans la Chine contemporaine, le philosophe Martin Savransky lui oppose le projet d’une décivilisation écologique. Comment penser un effort collectif qui essaie, certes, de rendre la vie meilleure sur la Terre, mais ne le fait pas dans la figure du progrès, d’une norme universelle, d’un monde unifié et d’un temps linéaire ? Les temps qui restent seront des temps où la vie bonne ne peut que s’improviser, localement, précairement, expérimentalement.
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Écoperversions : Sigmund Freud à l’école de Donna Haraway
Relisant Freud à partir de Haraway, la psychanalyste Silvia Lippi livre une réflexion sur les enjeux psychiques de la crise écologique planétaire. Au-delà de l’angoisse environnementale, on découvre une nouvelle figure du désir, un désir éco-pervers qui invente sans cesse de nouveaux liens instituant de nouvelles durées. La vie sur Terre n’est pas faite de familles, mais de communautés éco-perverses.
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À quelle époque vivons-nous ?
Peter Wagner revient ici sur la description et l’analyse des discours contemporains qui se réfèrent au passé, à l’histoire ou à la tradition comme témoin de la transformation de notre conscience historique ou sentiment d’historicité.
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Les temps humains de l’Anthropocène
Zoltán Boldizsár Simon propose d’analyser les “temps de l’Anthropocène” sous l’angle des “conflits temporels” qui opposent les diverses manières de répondre à la catastrophe climatique et montre qu’ils invitent à repenser la catégorie même d’anthropocentrisme en se demandant jusqu’où celle-ci apparaît véritablement dépassable.
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Une autre destruction de la nature est possible (I)
Pour que la nature ne soit pas détruite dans les faits, il faut la détruire dans les idées. Tel est l’argument du philosophe brésilien Vladimir Safatle, qui propose ici une contribution originale, de la part d’une figure de la théorie critique d’inspiration marxiste, aux réflexions sur la dévastation écologique globale. L’idée de nature étant liée à celle de liberté comme autonomie, dans le double héritage de la théologie chrétienne et du capitalisme, on ne détruira la nature qu’en réinventant la liberté.
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Entre roche et cerveau : en quoi consiste exactement une « écologie de l’esprit » ?
Relisant les concepts de “double bind” et de différence chez Gregory Bateson, Catherine Malabou explore ici les méandres paradoxales contenues par l’idée d’une «écologie de l’esprit». Les subjectivités contemporaines (ou «modernes») doivent se saisir comme choses, mais elles peuvent le faire de deux manières: soit comme cerveau (évolution), soit comme terre (anthropocène). Double schize donc, qui dit bien l’affolement des temps présents.
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Temps du monde/Temps de l’anthropocène: le simultané du non-simultané
Le créateur des notions de « régimes d’historicité » et de « présentisme », aujourd’hui incontournables, l’historien François Hartog, prolonge ici ses réflexions sur le temps. Il note que tout temps historique organise toujours une conjonction du simultané et du non-simultané : ainsi les spectres sont-ils passés et présents, le Dieu incarné dans le Christ éternel et temporel, les Indiens que rencontrent les espagnols contemporains et archaïques, le progrès présent et futur, etc. Il esquisse alors une grande frise qui va de l’Antiquité à aujourd’hui, pour présenter « l’Anthropocène » une nouvelle figure de ce simultané du non-simultané. Apprendre à vivre dans ce temps, c’est déjà se doter des outils pour le penser.
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Les oreilles sur Terre, à l’écoute de la polychronie
La philosophe Bernadette Bensaude-Vincent soutient ici que le régime temporel esquissé dans ce premier numéro des Temps qui restent se distingue effectivement de celui esquissé par Sartre en 1945. Non cependant parce qu’il impliquerait un futur incertain, problématique. Mais parce que la crise écologique actuelle nous conduit à interpréter littéralement l’expression « les temps qui restent », c’est-à-dire (1) à prendre en compte une pluralité de temporalités au lieu de spéculer sur le sens et le tempo de la flèche du temps et (2) à considérer les restes, résidus omniprésents, de trajectoires temporelles hétérogènes et enchevêtrées, qui composent des paysages-temps plus ou moins harmonieux.
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« Un espace qui dure » : le tournant spatial de l’Anthropocène
On dit et on répète qu’on entre dans un nouveau temps. Et s’il s’agissait aussi d’un nouvel espace ? Dans ce texte, la philosophe Jeanne Etelain revient sur les débats concernant le concept exact du présent (Anthropocène, Capitalocène, etc.), pour montrer qu’ils présupposent non seulement un “régime d’historicité” nouveau, mais aussi un “régime de spatialité” nouveau : il ne s’agit ni de l’espace absolu du globe, ni de l’espace relatif de la globalization, mais d’un espace-durée, un espace qui dure, un espace qui agit, un espace qui vit - et se confond avec la Terre
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