Ce qu’on ne voit pas

 L’ « invisible » en socio-économie a connu bien des avatars, de la fameuse « main invisible » d’Adam Smith à nos actuels « invisibles » du marché du travail, sans oublier le secret, dévoilé par Marx, des invisibles rapports de production sous-tendant la circulation du capital. Ulysse Lojkine propose ici, en philosophe, une brève histoire de la répartition économique du visible et de l’invisible et des conséquences de ces choix.

« En dirigeant cette industrie de manière à ce que son produit ait le plus de valeur possible, il ne pense qu’à son propre gain ; en cela, comme dans beaucoup d’autres cas, il est conduit comme par une main invisible à remplir une fin qui n’entre nullement dans ses intentionsAdam Smith, La Richesse des nations [1776], trad. G. Garnier & A. Blanqui, Paris, GF-Flammarion, 1991, tome II, liv. IV, chap. 2 « Des entraves à l’importation seulement des marchandises qui sont de nature à être produites par l’industrie », p. 42-3. » Cette phrase a été érigée rétrospectivement en moment fondateur de la discipline économique, un mythe parfois critiqué par les spécialistes d’Adam SmithEmma Rothschild, « Adam Smith and the Invisible Hand », The American Economic Review, vol. 84, n° 2, 1994, p. 319-322.. Il est vrai que le raisonnement mêle ici l’argument qui a été retenu, sur les vertus de la poursuite concurrentielle du profit, et un autre sur la préférence des capitalistes de chaque pays pour l’investissement domestique afin de minimiser leur risque. Il est cependant déjà clair dans ce texte que Smith prête à l’idée de main invisible une portée bien plus générale, qu’il défend ailleurs sans utiliser l’expression. Dans un système de propriété privée et de concurrence, les initiatives motivées par le seul intérêt privé se renversent en leur contraire, la promotion de l’intérêt général. Si chaque initiative privée a un but et des effets immédiats bien visibles, l’interaction à grande échelle de ces initiatives ne peut en être déduite par une simple extrapolation. Il y a là quelque chose d’invisible qui ne peut être découvert que par le raisonnement.

Certes, des images ou des comparaisons peuvent rendre visible l’invisible. Ainsi, la fameuse analyse de la manufacture d’épingles permet de « réunir […] sous les yeux de l’observateur » un mécanisme typiquement invisible, celui de la division du travail dans la sociétéAdam Smith, La Richesse des nations, op. cit., tome I, liv. I, chap. 1 « De la division du travail », p. 71.. Mais ces images ont leur limite, elles ne servent que d’illustrations pour des raisonnements abstraits. L’idée de la main invisible ouvre ainsi surtout l’espace pour une science.

Sur le plan méthodologique, fonder la discipline économique sur un tel paradoxe implique donc un recours privilégié à l’abstraction. Si Smith écrit encore comme un philosophe, on perçoit déjà chez lui par endroit la tendance à simplifier le problème et les grandeurs en jeu jusqu’à ce que se dessine un modèle ; à partir de Ricardo, cela deviendra le mode de raisonnement privilégié, puis exclusif, de la science économique.

Régulièrement, des penseurs libéraux comme Friedrich Hayek tentent de revenir à l’intuition initiale de la main invisible dans sa pureté, s’opposant par principe à toute forme d’ingénierie sociale pour défendre des institutions qui soient « the result of human action, but not the execution of human design« Le résultat de l’action humaine, mais pas selon un plan conscient préalable ». (Adam Ferguson, An Essay on the History of Civil Society, Londres, A. Millar and T. Caddel, 1767, p. 187). Hayek cite souvent cette expression dont il fait l’une de ses maximes de sa philosophie. ». L’invisibilité est alors absolutisée, suggérant que le rapport adéquat à cette invisibilité n’est pas scientifique mais presque mystique : l’inconnaissable doit seulement être laissé à son propre développement organique, toute intervention externe fondée sur la « présomption » à un savoir ou une visibilité surplombante ne pouvant être qu’artificielle ou dangereuseFriedrich A. Hayek, La présomption fatale. Les erreurs du socialisme [1988], trad. R. Audouin, Paris, PUF, 1993..

Mais c’est bien la voie du raisonnement par modèles qui a été suivie par la théorie économique dominante, cherchant à déplier par le raisonnement comment les différentes forces à l’œuvre dans le circuit économique d’ensemble produisent des résultats contre-intuitifs pour l’appréhension immédiate. Or, dès que la main invisible n’est plus une religion, mais une méthodologie, elle peut donner lieu à des analyses variées. Considérons l’idée maîtresse de Keynes : sous certaines conditions, si chaque agent économique, poursuivant son intérêt privé, cherche à augmenter son épargne pour augmenter son revenu futur, la baisse de demande qui en résulte dégrade la production et les revenus, annulant à l’échelle sociale les initiatives individuelles. Il s’agit en un sens d’une autre main invisible, non plus bénéfique, mais maléfique, n’appelant plus au laissez-faire mais à l’intervention économique de la puissance publique.

Sur le plan politique, le projet associé à l’idée de la main invisible, celui d’une économie capitaliste de marchés concurrentiels, était progressiste à l’époque de Smith. Quelques décennies plus tard, lorsque l’essayiste libéral Frédéric Basquiat reprend le même thème en France au lendemain de 1848, il a déjà d’autres adversaires : les socialistes. Lorsque ceux-ci revendiquent le droit au travail, il répond que si désirable que soit « ce qu’on voit, le travail excité par la cotisation sociale », cela ne doit pas nous faire oublier « ce qu’on ne voit pas, les travaux et profits auxquels donnerait lieu cette même cotisation si on la laissait aux contribuablesFrédéric Basquiat, Ce qu’on voit et ce qu’on ne voit pas [1850], Paris, Romillat, 1993, §12 « Droit au travail, droit au profit », p. 227. ».

Lorsque Marx recourt à la topique du caché et du visible, c’est d’une autre manière, héritée de Feuerbach. Celui-ci voyait dans l’essence humaine l’essence fondamentale des religions, qui projetaient dans la figure de Dieu les caractères de l’homme tout en effaçant leur origine. De même, dans le Capital, Marx oppose sans cesse les phénomènes de marché et de concurrence, qui relèvent de la surface ou du phénomène ; et les réalités de la production, qui sont cachées mais qui déterminent secrètement tout l’édifice social. Ainsi, lorsqu’il introduit la théorie de l’exploitation, Marx invite le lecteur à abandonner la sphère du marché, « séjour en surface accessible à tous les regards », pour se tourner vers « l’antre secret de la productionKarl Marx, Le Capital. Critique de l’économie politique, liv. I Le Procès de production du capital [1867], trad. J-P. Lefebvre et al., Paris, Éditions sociales, coll. « Essentielles », 2016, section 2, chap. 4, p. 172. ». De nouveau, dans le troisième livre du Capital, lorsqu’il s’intéresse justement aux rapports marchands les plus indirects, ceux du commerce, de la finance et de la rente, il invite constamment à ne pas se laisser piéger par leur éloignement apparent de la production, qu’ils tendent à dissimuler dans l’idéologie des marchands et des économistes. Il mobilise une nouvelle fois à cette occasion sa théorie du fétichisme, expliquant que le capital financier est celui qui pousse le plus loin le caractère fétiche, c’est-à-dire celui qui dissimule le plus son noyau socialKarl Marx, Le Capital. Critique de l’économie politique, liv. III Le Procès d’ensemble de la production capitaliste [1894]„ trad. C. Cohen-Solal et G. Badia, Paris, Éditions sociales, 1969, tome II, section 5, chap. 24 « Le capital porteur d’intérêt, forme aliénée du rapport capitaliste », p. 55-57.

La conséquence épistémologique, dans le marxisme, est la recommandation d’une méthode qui ne se réduise pas à l’articulation de rapports fixes entre des variables quantitatives ; une méthode dialectique qui ressaisisse le contenu social et donc contradictoire, potentiellement explosif, de chacun de ces rapports d’apparence mécanique. Les concepts des économistes, ceux de croissance, de productivité, de plein-emploi, doivent alors être privés de l’évidence qu’on leur donne pour être refondés à partir de leur sens et leurs causes dans le rapport entre travailleurs et capital.

La conséquence politique de cette approche, chez Marx, est l’idée d’une résorption de la circulation dans la production. Contrairement au monde capitaliste qui est celui d’un travestissement permanent du social dans la valeur, la société serait alors transparente à elle-mêmeKarl Marx, Capital, liv. I, op. cit., section 1, chap. 1, §4 « Le caractère fétiche de la marchandise et son secret », p. 80 et Friedrich Engels, Anti-Dühring. M. E. Dühring bouleverse la science [1878], trad. E. Bottigelli, Paris, Éditions sociales, 1969, partie III, chap. 2 « Notions théoriques », p. 315-316.. Le modèle semble, une fois de plus, être celui de Feuerbach, qui pensait la résorption de la religion dans l’humanité qui s’émancipe en se reconnaissant comme humanité. Mais dès lors que la socialisation annoncée ne se produisait pas, la politique marxiste se scindait entre socialisme bureaucratique et socialisme autogestionnaire, le second étant le plus fidèle à l’idée de renversement des rapports de production, mais se montrant incapable de transformer les rapports de circulation.

 

Aujourd’hui, plus loin de la pensée économique, mais partageant nombre de ses objets, la philosophie de la reconnaissance et la théorie intersectionnelle donnent une grande importance aux processus d’invisibilisation de certaines personnes, groupes ou activités. Contrairement à l’idée de la main invisible ou au marxisme, ce ne sont plus des rapports sociaux qui sont visibles ou invisibles, mais des personnes ou des groupes.

Dans les versions les plus ambitieuses de cette théorie, l’invisibilisation n’est pas seulement un symptôme des hiérarchies sociales mais un élément à part entière de leur fonctionnement voire la racine d’autres inégalités. Une des expressions les plus frappantes de ce paradigme est donnée par Judith Butler dans sa réflexion sur les normes qui rendent une vie socialement digne ou non de deuil : « On n’accorde de valeur à une vie que si elle est perçue comme vie, mais une vie n’est perceptible que dans certaines structures évaluatives. […] Le schème interprétatif tacite qui sépare les vies dignes et indignes passe fondamentalement par les sens qui distinguent les pleurs qu’on entend de ceux qu’on n’entend pas, les scènes qu’on peut voir de celles qu’on ne peut pas, et de même pour le toucher et même pour l’odoratJudith Butler, Frames of War. When Is Life Grievable?, Londres/New York, Verso, 2010, p. 51.. » Sur le plan social, lorsqu’Axel Honneth défend le paradigme de la reconnaissance contre Nancy Fraser, il insiste sur l’inégale visibilité ou estime sociale accordée au travail féminin pour expliquer certaines inégalités de genre sur le marché du travailAxel Honneth, « Redistribution as Recognition. A Response to Nancy Fraser », dans son livre avec Nancy Fraser, Redistribution or Recognition ? A Political-Philosophical Exchange, Londres, Verso, 2003, p. 153.. De même chez Rancière, le fondement ultime de l’injustice est l’adoption d’un régime de partage entre ceux qui sont comptés ou vus et ceux qui ne le sont pasJacques Rancière, La Mésentente. Politique et Philosophie, Paris, Galilée, coll. « La philosophie en effet », 1995.

L’intersectionnalité s’intéresse particulièrement à l’imbrication de ces mécanismes d’invisibilité pour le genre, la classe et la race – ainsi Bell Hooks suggère que paradoxalement, l’ordre dominant aux États-Unis rendrait la pauvreté noire plus visible que la pauvreté blanchebell hooks, « White Trash. The Politics of Invisibility » (chap. 10), dans Where We Stand. Class Matters, Londres, Routledge, 2000, p. 111 sq.. Sur le plan épistémologique, ce prisme invite à une méthode de déconstruction qui à la fois redouble et annule le geste de la science positive : elle le prolonge en refusant de travailler dans les catégories du sens commun ; mais contre lui, elle refuse la stabilisation par les catégories prétendument objectives de la science sociale, soulignant comment l’invisibilisation des marginaux est souvent reproduite par ces catégories, voire par les valeurs même d’objectivité et de formalisation lorsqu’elles s’opposent à la prise de parole singulière des marginaux.

Sur le plan politique, le discours de déconstruction des invisibilités est dirigé contre l’ordre existant et s’oppose en cela au discours sur la main invisible. Mais il refuse toute identification stable d’un acteur principal de l’action politique qui serait l’objet premier de l’invisibilisation et le sujet premier de sa déconstruction. En particulier, il tend à s’opposer à l’hypostase de l’unité de production et de l’ouvrier producteur du marxisme orthodoxe, qui tendait à décrire ou prédire l’émergence d’une figure uniforme du travailleur, certes opprimé, mais néanmoins aisé à visibiliser comme sujet de la production et de sa révolution.

 

Ces différentes conceptions peuvent s’appliquer aux mêmes objets. L’objet premier de Smith comme de Marx est le travail. Le premier pense la division du travail à l’échelle sociale, la coordination par l’échange marchand d’innombrables activités productives dispersées. Le second pense les rapports sociaux qui enserrent le travail à l’intérieur de l’unité de production, surdéterminant la répartition de son produit. Aujourd’hui, la théorie économique néoclassique est toujours prompte à souligner les effets indirects contre-intuitifs des mesures les plus naïves de régulation du marché de l’emploi. Salaire minimum, limitation du temps de travail ou congés payés, restriction des licenciements, toutes ces mesures risqueraient de tendre à améliorer directement et visiblement la situation de certains salariés, tout en décourageant de manière invisible la création de nouveaux emplois et augmentant le chômage. Le chômeur, exclu non par une personne visible et identifiable mais par un contexte où les capitalistes ne voient pas d’intérêt à le recruter, est ainsi la victime de la main invisible empêchée de fonctionner, de même que le protectionnisme, pour sauver ou plutôt pour figer l’emploi des travailleurs nationaux, priverait de manière invisible, loin de nous, les populations du Sud d’emplois à haute valeur ajoutée.

Pour les héritiers de Marx, au contraire, l’invisible à découvrir est celui des rapports dans l’unité de production. Derrière les récits sur les start-ups, la pression à la performance. Derrière les louanges du progrès technique, des technologies qui permettent de surveiller en permanence les salariés.

L’approche intersectionnelle, pour sa part, étudie surtout la frontière entre travail reconnu comme tel et travail invisible. Ce dernier peut être effectué dans le cadre du salariat. Ainsi les femmes de ménage et leur travail qui ne reçoivent pas d’attention ou d’estime de la part des usagers des lieux qu’elles nettoientFlorence Aubenas, Le Quai de Ouistreham, Paris, Éditions de l’Olivier, 2010.. L’invisibilité sociale du travail peut être plus radicale encore lorsqu’il n’est pas effectué dans le cadre d’un emploi et que sa simple qualité de travail est mise en cause. On pense ici en particulier au travail domestique des femmes, qui soit leur est imputé comme un plaisir (le soin envers les personnes) soit est ignoré comme indigne de compte ou de considération (le ménage).

De même, les débats écologiques contemporains peuvent être parcourus selon chacun des trois axes. Les économistes néoclassiques voient la racine du réchauffement climatique dans une externalité, échec de coordination typique d’interactions sociales anonymes qui ne sont pas encadrées par des droits de propriété et ne sont donc pas organisées par la main invisible. Pour les marxistes, les dégâts écologiques ne peuvent eux aussi se comprendre qu’en dépassant la conception spontanée qui les associe à la consommation, pour remonter à l’antre secret de la production ; si le foyer invisible de l’accumulation réside dans le salariat, point de contact entre capital et travailleurs, il réside aussi dans les points d’extraction ou de transformation de la matière où le capital subsume l’environnement. La pensée écoféministe tend à expliquer la réification de la nature, c’est-à-dire l’ignorance et le mépris de ses mécanismes propres, par le même processus typiquement moderne que l’invisibilisation des femmes.

À ces conceptions correspondent de nouveau des politiques. Les économistes recommandent la mise en place de droits de propriété ou d’une taxe s’y substituant pour rétablir l’action de la main invisible. Les marxistes recommandent de briser la triple séparation entre travailleurs, équipements et nature. Pour l’écoféminisme, la solution passe par une révolution du regard conduisant à accepter le rythme et le fonctionnement propre des cycles géologiques, biologiques et climatiques.

 

Comment conclure cette esquisse ? Nous avons vu que les trois conceptions de l’invisibilité s’opposent souvent. Elles sont peut-être plus complémentaires que les adeptes de chacune d’elles ne le pensent. Pour penser et pour changer le travail ou le réchauffement climatique aujourd’hui, il faut accomplir le geste smithien de reconstitution des interdépendances anonymes à grande échelle propres à nos sociétés complexes ; il faut accomplir le geste marxien qui découvre des rapports sociaux hiérarchiques et conflictuels derrière les institutions d’apparence mécanique ou technique ; il faut accomplir le geste intersectionnel de déstabilisation et de prolifération des catégories pour ne pas ignorer de singularités pertinentes.

Pour ne pas nous contenter d’une superposition, mentionnons néanmoins une pièce des débats contemporains sur l’invisibilité qui est moins banale qu’elle n’en a la réputation : la comptabilité. L’approche par la main invisible et l’approche intersectionnelle ont en commun une certaine méfiance vis-à-vis de la statistique et de la comptabilité. Les économistes aiment à souligner le caractère simplement descriptif de la comptabilité, inapte à saisir les interactions causales et les équilibres complexes. Les intersectionnels soulignent pour leur part comment les catégories de la comptabilité, dans leur origine administrative et par la demande des experts qu’elle doit satisfaire, reconduisent et reproduisent des dominations.

C’est ici que deux vieux rêves marxiens méritent peut-être d’être reconvoqués. D’une part, un programme analytique, celui d’une comptabilité sociale en temps de travail, brisant les illusions propres à la comptabilité monétaire pour identifier qui travaille pour qui, qui exploite qui. D’autre part, son pendant politique, le rêve d’une société socialiste transparente à elle-même qui n’ait plus besoin de l’intermédiaire déformant du marché pour allouer les ressources, mais voie directement, comme intuitivement pourrait-on dire – en exagérant à peine certaines formules de Marx ou d’Engels –, où sont les besoins sociaux et comment les satisfaire.

Chacun de ces deux rêves peut et doit être critiqué pour sa naïveté et pour les dangers qu’il comporte. Mais il ne faut pas oublier non plus ce qu’ils ont de progressiste. Pour ne prendre qu’un exemple, les Enquêtes Emploi du temps des différents pays sont une source privilégiée de connaissance du travail domestique des femmes à l’échelle sociale. D’autre part, c’est bien le suivi d’indicateurs statistiques en nature, d’emploi, de santé, de conditions de travail, de logement et de vie, qui a permis la mise en place d’institutions non marchandes de protection sociale au sein du capitalisme et qui pourrait permettre leur extension. Les économistes reconnaissent de plus en plus la nécessité d’une forme de planification écologique qui passe elle aussi par cette visibilisation quantitative mais plurielle des effets environnementaux de l’activité productive. La question de la comptabilité est ainsi indissociable de celle du plan, et elle pourrait structurer de manière constructive les débats sur le dépassement de l’invisibilité sociale.