Amazonie
Les deux Indiens
Pour l’État brésilien, l’indien est douteux : c’est une catégorie juridique qui donne des droits et partage ceux qui le sont « vraiment » et ceux qui sont « seulement » métis. Mais pour une anthropologie qui se refuse à ce genre d’opération, l’indien est surtout douteur : il met en question la catégorie même d’humanité dans laquelle on veut l’inclure afin de mesurer (et restreindre) ses droits territoriaux. Il met même en doute la séparation entre, d’un côté, des sujets (humains) potentiellement propriétaires et, de l’autre, des choses (non humaines) à approprier. Dans ce texte vertigineux, à la fois politique et métaphysique, colérique et spéculatif, Eduardo Viveiros de Castro propose une autre figure de l’indien pour notre monde : traducteur cosmologique qui bloque les certitudes ontologiques sur lesquelles s’appuie ce rapport à la Terre auquel on a donné le nom d’Anthropocène. « Indien » est dès lors, peut-être, le nom d’un autre rapport à la Terre.
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De la contre-anthropologie comme lutte des peuples dans la théorie
Devenir angélique ou humanité perspective :
l’anthropologie chrétienne à l’épreuve des cosmologies animistes
l’anthropologie chrétienne à l’épreuve des cosmologies animistes
L’encyclique du pape François Laudato Si’, en 2015, sonnait comme un virage écologique dans la théologie politique catholique. Invité à se prononcer sur cet événement, l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro soutient que ce retour du christianisme à la Terre bute sur son anthropologie : l’être humain se distingue de toutes les autres créatures par son devenir angélique, promis pour la fin des temps. Il lui oppose une autre manière de penser l’exceptionnalité humaine : celle de « l’animisme », notamment dans les cosmologies amazoniennes, où l’humain est la forme que toute entité a pour elle-même. Ce n’est pas alors dans le temps, mais dans l’espace, que l’humain négocie sa différence. Et de conclure : on a besoin de « procéder à une réforme agraire en philosophie »…
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