anthropologie
Les deux Indiens
Pour l’État brésilien, l’indien est douteux : c’est une catégorie juridique qui donne des droits et partage ceux qui le sont « vraiment » et ceux qui sont « seulement » métis. Mais pour une anthropologie qui se refuse à ce genre d’opération, l’indien est surtout douteur : il met en question la catégorie même d’humanité dans laquelle on veut l’inclure afin de mesurer (et restreindre) ses droits territoriaux. Il met même en doute la séparation entre, d’un côté, des sujets (humains) potentiellement propriétaires et, de l’autre, des choses (non humaines) à approprier. Dans ce texte vertigineux, à la fois politique et métaphysique, colérique et spéculatif, Eduardo Viveiros de Castro propose une autre figure de l’indien pour notre monde : traducteur cosmologique qui bloque les certitudes ontologiques sur lesquelles s’appuie ce rapport à la Terre auquel on a donné le nom d’Anthropocène. « Indien » est dès lors, peut-être, le nom d’un autre rapport à la Terre.
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De quelques rapports entre phénomènes extraterrestres et questions écologiques
Dans ce nouvel entretien, Dominiq Jenvrey discute avec les deux spécialistes français des soucoupes volantes et des phénomènes parapsychiques : le sociologue et anthropologue Pierre Lagrange et le sociologue et philosophe Bertrand Méheust. Ensemble, ils proposent une actualisation de ces phénomènes étranges à l’aune de la catastrophe bioclimatique.
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Le tournant hantologique de l’anthropologie
A l’occasion de la publication simultanée de La voix des fantômes de Grégory Delaplace et de Spectres de Marx de Derrida, Frédéric Keck remarque que le « tournant ontologique » de l’anthropologie contemporaine s’est prolongé en un « tournant hantologique » qui peuple de revenants les sciences humaines de notre monde post-soviétique. Car comment vivre avec des êtres qui hantent les places qui ne sont plus les leurs ?
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La Covid-19 exposée comme pandémie et comme zoonose
L’épisode de la Covid fut un événement politique majeur. Mais sa signification reste énigmatique: annonce-t-elle un nouveau totalitarisme? faut-il l’interpréter comme la revanche de la nature contre une civilisation qui la maltraite? est-elle un simple épiphénomène dans la gestion « biopolitique » des populations? L’anthropologue et philosophe Frédéric Keck aborde ces questions dans un livre majeur, Politique des zoonoses, qui sort ces jours-ci à La Découverte. Nous publions ici, en bonnes feuilles, « l’ouverture » de son ouvrage. Il y imagine une exposition à venir résumant pour une société future cet événement énigmatique. Huit vitrines venues du futur pour nous rappeler à ce passé encore brûlant, et un présent fait de liens avec des objets techniques et des animaux.
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Quel mythe était la philosophie avant la fin du monde ?
Le philosophe Guillaume Sibertin-Blanc présente ici le livre de Mathieu Renault, Maîtres et esclaves. Archives du Laboratoire d’analyse des Mythologiques de la Modernité (Paris, Les Presses du réel, 2024). Cet étrange essai d’anthropologie-fiction, entre Jorge Luis Borges et Claude Lévi-Strauss, déchiffre les fragments de notre propre civilisation déjà disparue en faisant du thème de la « lutte du maître et de l’esclave » le mythe matriciel de la Modernité, celui par lequel à son insu elle aura précipité sa propre perte…
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L’Entropocène : pour une anthropologie de la catastrophe planétaire
En s’appuyant sur Lévi-strauss, Inès Saragosa propose la catégorie d’Entropocène (entropie/anthropocène) pour “enrichir la réflexion sur la catastrophe écologique actuelle” d’une approche structurale comparant les différents discours sur les fins du monde, imaginées et vécues.
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