Les spaghettis, ou l’imbroglio des temps

Peut-on penser le temps comme un plat de spaghettis ? Vanessa Morisset rend hommage à cette étrange métaphore formulée par Bruno Latour à propos du futurisme italien, en explorant les paradoxes temporels de ce plat hautement réconfortant.

Voici vingt ans, je vis dans le Kansas un clown musicien.

Il avait apposé son œil sur l’embouchure de son instrument, un tuba à triple nœud,

comme s’il eût tenu entre ses mains une longue vue.

Günther Anders, L’Émigré, 1962

Récemment m’est revenu à l’esprit une métaphore sur le temps entendue au Centre Pompidou, dans le cadre d’un programme de conférences accompagnant l’exposition Le Futurisme, une avant-garde explosive Elle a eu lieu le 20 octobre 2008.. La star en était Bruno Latour : moi-même j’étais venue pour l’écouter, particulièrement intriguée par ce qu’il allait dire de l’ode perpétuelle à la modernité qu’est l’art des futuristes italiens. L’auteur de Nous n’avons jamais été modernes n’a pas manqué de rétrospectivement jeter de l’huile sur leur feu, en mettant à bouillir, au milieu, une drôle de marmite.