Charte des Temps Qui Restent

Une des originalités du projet des Temps qui restent est d’avoir fait imploser la notion de comité de rédaction, qui nous semble inséparable d’une époque révolue où le pouvoir intellectuel pouvait s’imaginer venir de petits groupes, soudés autour de grandes personnalités, qui rayonnaient à partir des grands centres métropolitains. Le monde d’aujourd’hui ne nous paraît pas susceptible d’être infléchi par un pouvoir intellectuel structuré de cette manière. Nous sommes à la recherche d’autres alliances entre le travail «intellectuel» et les transformations pratiques de la réalité. (Pour un argumentaire plus détaillé, voir le texte-programme de Patrice Maniglier: «Des Temps Modernes aux Temps qui restent: histoire et avenir d’une revue, histoire et avenir du monde».)

Une autre originalité des Temps qui restent est de rendre explicites ses règles de prises de décision, concernant aussi bien la publication des contenus que le fonctionnement de ses instances. Cette explicitation est rendue nécessaire à la fois par le nombre des personnes impliquées dans le projet (plus d’une centaine au moment du lancement de la revue) et par l’esprit du projet, qui vise à concilier deux exigences dont la tension est au coeur de notre présent: pluralité et unité. Il s’agit de rassembler sans sacrifier la diversité (des opinions, des générations, des disciplines, des médias, etc.). Pour cela, il faut maximiser l’autonomie des parties prenantes (afin que ce site devienne un outil pour elles), sans enfermer les différentes composantes dans des bulles indifférentes les unes aux autres: le site ne doit pas devenir une plateforme neutre, il doit rester une membrane sensible pour un collectif qui se cherche, mais il ne doit pas présupposer l’unité qu’il vise à construire. C’est la recherche d’un tel équilibre qui a présidé à l’adoption des règles de gouvernance qui sont détaillées ci-dessous.

La gouvernance du projet mobilise largement les ressources numériques, les contraintes techniques réalisant les choix éthiques que nous avons faits. On ne les rencontre donc que dans la partie privée du site. Cependant, il nous a semblé important de rendre ces règles de gouvernance publiques, non seulement parce qu’elles font partie de l’identité de notre collectif, mais aussi parce que n’importe qui peut soumettre un contenu au site et a donc le droit de connaître les conditions dans lesquelles est prise de publier ou non ce contenu.

Le but des règles procédurales qu’on trouvera rassemblées ci-dessous n’est pas de contrôler l’action collective, mais au contraire de favoriser le plus grand engagement possible de chacune et de chacun dans la réalisation de l’œuvre commune. Aussi sont-elles animées par le souci d’organiser une asymétrie aussi grande que possible entre pouvoir de proposition et pouvoir de blocage, au profit de la première, tout en empêchant malgré tout une privatisation du cadre collectif. Faire partie du Conseil des TQR c’est adhérer à une communauté dans laquelle le pouvoir de faire par soi-même est beaucoup plus important que son pouvoir d’empêcher les autres, dans laquelle aussi le pouvoir d’infléchir sur le destin collectif est à la mesure de son investissement opérationnel et de sa capacité à proposer des alternatives positives. Nous souhaitons avant tout construire un collectif fondé sur la confiance réciproque, sur la curiosité pour ce qui peut naître, plus que sur le souci de contrôler trop étroitement la qualité de ce qui est fait. Le mot « voici » vaudra toujours infiniment plus à nos yeux que le mot « non ».

Les TQR souhaitent arriver rapidement à une situation où il y a dans toutes ses instances

 Si jamais il s’avère qu’il existe un déséquilibre très fort, que ce soit dans le Collectif des TQR, dans son Conseil ou dans son Comité exécutif, nous en ferons un motif pour tenter de restructurer ces collectifs, en allant, s’il le faut, jusqu’à interrompre nos activités tant qu’un meilleur équilibre n’a pas été trouvé.

Toute personne ayant publié dans les TQR fait automatiquement partie du « collectif des TQR ». Elle dispose ainsi d’une fiche d’auto-présentation sur le site des TQR. Toute personne soutenant financièrement les TQR à hauteur de 100 euros par an peut aussi en faire partie: elle peut, si elle le souhaite, publier une fiche d’autoprésentation sur le site, où elle explique les raisons de son engagement. Il ne faut donc pas confondre la liste des auteurs et autrices des TQR et le Collectif.

Les membres du Collectif des TQR n’ont pas accès à la partie privée du site.

Le Conseil constitue le collectif désirant constitutif des TQR. Le Conseil a une fonction de réalisation, de proposition, de consultation, et aussi (dans une certaine mesure) de décision.

Nota Bene. La raison de cette dernière disposition est d’encourager à l’implication du plus grand nombre possible de membres du Conseil dans le comité exécutif et d’associer aussi étroitement que possible pouvoir et action. Noter cependant que toute personne membre du Conseil peut participer à la discussion et donner son avis et donc nourrir les débats, même si elle ne vote pas. Elle peut ainsi éclairer la décision collective sans nécessairement s’engager dans le travail opérationnel de la revue.

Le Conseil des TQR est invité à se rassembler physiquement en Assemblée générale au moins deux fois par an.

Le Conseil des TQR est en permanence en relation via l’espace privé du site.

Sur décision majoritaire du Comité Exécutif, des Assemblées Générales exceptionnelles peuvent être convoquées.

Recrutement : Le Conseil est composé par cooptation. Toute personne du Conseil peut en proposer une autre. Cette candidature est alors ouverte à la discussion en ligne et est approuvée ou rejetée par un vote en ligne organisé dans les trois mois qui ont suivi la proposition (sauf procédure d’urgence ou procédure de prolongation décidée par le Comité exécutif). Une personne membre du Conseil ne peut pas voter plus de 3 fois par an pour le recrutement d’un nouveau membre sans avoir fait partie au moins 2 ans du Comité exécutif (c’est-à-dire sans avoir réalisé un certain nombre de tâches éditoriales : composer un dossier, gérer le site ou organiser les réunions, etc.).

Exclusion : si au moins deux personnes membres du Conseil souhaitent exclure du Conseil une autre personne, cette proposition est soumise au vote.

Démission : Toute personne peut démissionner du Conseil. Elle peut rédiger un texte ou enregistrer un podcast qui sera immédiatement publié dans le numéro suivant dans la rubrique « Débats », pour expliquer les motifs de sa démission.

Toute personne membre du Conseil peut rejoindre le Comité exécutif par sa seule décision. Elle en informe alors publiquement l’ensemble du Conseil. La volonté de faire partie du Comité exécutif doit être renouvelée formellement après un an en étant communiquée à l’ensemble de l’Assemblée.

Le Comité exécutif a pour fonction d’assurer tout le travail opérationnel permettant la réalisation de la revue et de mettre en œuvre les décisions du Conseil.

Toutes les personnes qui sont membres du Comité exécutif ont le pouvoir technique de mettre en ligne les textes sur la partie publique du site. (Bien entendu elles ne sont censées le faire que si les textes ont été validés préalablement, soit par absence d’opposition, soit à l’issue d’un vote positif.) Elles ont accès à l’ensemble des fonctionnalités permettant de modifier la partie publique du site (publier des dossiers, des podcasts, ajouter ou supprimer des noms dans la liste des membres du Conseil, etc.).

Toute personne membre du Comité exécutif a la possibilité d’activer une procédure d’urgence pour une publication.

Une personne peut être exclue du Comité exécutif pour deux motifs. Un motif d’inaction : cette personne est alors exclue par un vote réservé aux membres du Comité exécutif. Un motif de fond : une personne peut être exclue du comité exécutif pour un motif de fond, mais alors elle doit être exclue du Conseil aussi selon la procédure réservée à cet effet.  Toute personne soumise à une procédure d’exclusion interne du CE pour motif d’inaction peut toujours contester cette décision auprès du Conseil, qui garde ainsi le pouvoir de déterminer ce qui constitue un bon seuil d’engagement pour faire partie du Comité exécutif.

Le Comité scientifique est constitué de personnalités scientifiques actives dans les différents domaines de la recherche auxquelles certaines publications soumises à la revue sont susceptibles de contribuer. Il a un caractère très fortement multi-disciplinaire.

Les membres du Comité scientifique sont consultés par le Comité exécutif pour expertiser elles-mêmes ou désigner des personnalités capables d’expertiser les publications à vocation scientifique devant être publiées dans la rubrique « études ». Il peut s’auto-saisir à n’importe quel moment et peut décider de sortir n’importe quelle publication de la rubrique « études ».

Toute personne peut soumettre une contribution (texte, vidéo, son, etc.) à la revue en utilisant une page du site réservée à cet effet.

La contribution est alors mise à la disposition de l’ensemble des membres du Conseil des TQR dans l’espace privé du site. Cette contribution n’est examinée que si elle est validée par au moins une personne membre du Conseil. La contribution est alors considérée comme prévalidée.

Une contribution qui n’a pas été prévalidée pendant 3 mois est considérée comme rejetée. À l’inverse, une contribution prévalidée par un membre du Conseil est automatiquement acceptée si personne ne s’y oppose.

Nota bene. Cette disposition est importante parce qu’elle permet de faire en sorte que la participation au Conseil soit non pas tant le pouvoir de juger des contributions, que celui de les proposer, c’est-à-dire de les soumettre à l’examen collectif.

Toute personne membre du Conseil peut soumettre une contribution (dont elle est l’autrice ou non) et le prévalider : elle est ainsi immédiatement proposée pour la publication.

Nota bene : Non seulement il n’y a aucune objection à ce qu’une personne extérieure à la revue mais souhaitant y faire publier une contribution, contacte directement un membre du Conseil, mais c’est même souhaitable. Une des fonctions du Conseil est précisément de faire venir des contenus intéressants en mobilisant les différents réseaux de ses membres. 

Les contributions soumises sont mises à disposition de l’ensemble du Conseil pendant 3 mois au plus (sauf procédure d’urgence ou procédure de prolongation, décidée par le comité exécutif).

Un forum (sur la partie interne du site) est ouvert permettant une discussion en ligne portant sur l’opportunité de publier ou non ce contenu, sur les conditions éventuelles de révision auxquelles il serait considéré comme publiable, voire sur les questions de fonds qu’il pose.

À l’issue de ces 3 mois, si personne ne s’est opposé à la publication d’une contribution prévalidée par un membre du Conseil, la contribution est acceptée automatiquement. Elle est confiée au Comité exécutif.

Il suffit qu’un seul membre du Conseil demande un vote, pour que celui-ci soit organisé en ligne. Une personne membre du Conseil n’a pas le droit de refuser plus de 3 textes sans s’impliquer dans le Comité exécutif.

Si la contribution doit paraître dans la rubrique « études » et présente un caractère scientifique, le Comité exécutif sollicite le Comité scientifique afin d’organiser une expertise.

Toute personne membre du Comité exécutif a la possibilité d’enclencher une procédure d’urgence pour la publication d’un contenu (en particulier s’il s’agit d’une « intervention »). Elle fixe alors les délais elle-même, aussi bien pour la prévalidation que pour la discussion.

Si personne ne s’est opposé à sa publication, il est considéré comme accepté. Si une personne du Conseil au moins a souhaité un vote, un vote est organisé au moins 48 heures avant sa mise en ligne. La personne qui a présenté le texte en urgence a la responsabilité d’en assurer le suivi éditorial.

Si deux membres du Comité exécutif au moins le jugent utile, la discussion autour d’une publication peut être prolongée au moins une fois au-delà des 3 mois de délais, à condition d’en informer la personne qui a soumis cette publication et d’obtenir son accord.

Une contribution ayant été acceptée, une personne au moins du Comité exécutif est chargée de l’éditer, autrement dit la relire, s’il s’agit d’un texte, le corriger, en se contentant de corrections de langue, de style ou de clarifications, en discussion avec les auteurs et les autrices de la publication. Cette même personne le met en ligne par elle-même sur l’espace public du site. En cas de désaccord entre l’autrice ou l’auteur et la personne membre du CE en charge du suivi éditorial de la publication, la première a la possibilité d’en informer le Comité exécutif qui désignera un autre membre du CE pour poursuivre le travail éditorial.

Les Temps Qui Restent est un collectif multimédia et multilingue organisé autour d’une revue diffusée gratuitement en ligne, sans contenu publicitaire ni abonnement, animée par un ensemble de personnes bénévoles.

Les Temps qui restent a bénéficié d’un financement initial de l’association «Les Amis des Temps Modernes», ainsi que de l’EUR ArTeC.

Son fonctionnement repose essentiellement sur les dons. Ces ressources sont destinées à maintenir et enrichir le site (développement, hébergement, entretien, etc.), ainsi qu’à financer la partie onéreuse de nos activités (traductions, publications papier, organisation d’événements, montages vidéo, secrétariat, etc.). 

Les Temps qui restent déposera des demandes de subvention en complément de ces ressources.

Il faut avoir participé au Conseil pendant au moins 5 ans et au Comité exécutif pendant au moins 2 ans pour pouvoir proposer et voter une modification des règles de fonctionnement stipulées dans cette Charte.