Chronique d’une libération
Reportages de Syrie 1/4
En Syrie, la possibilité du salut

La chute du régime Bachar el-Assad était inespérée. Comment tracer, à partir de cette libération surprise, une voie de justice et de paix ? À mi-chemin entre le reportage et l’enquête sociologique, Hamza Esmili, depuis ce « pays brûlé », raconte une société syrienne plongée dans le deuil et l’enthousiasme révolutionnaire, et des existences à réinventer, tiraillées entre oubli et vengeance. Comment rendre compte des terribles conséquences de la politique assadiste ? Dans ce premier volet, l’auteur nous mène des cafés de Damas à l’enfer de la prison de Saednaya. Un texte aux accents tantôt tragiques, tantôt poétiques ,sur une libération nationale en équilibre précaire. Et une question lancinante : quel salut pour une Syrie consumée par l’horreur et enfiévrée par l’espoir ?

Mon enquête sur la révolution syrienne a débuté en 2016, aux côtés de l’anthropologue Montassir Sakhi. Nous avions tous deux connu d’importantes expériences militantes au Maroc, dans le sillage de ce qu’il est convenu d’appeler le Printemps arabe. À la suite de l’échec du mouvement, nous avons l’un et l’autre résolu de poursuivre le travail politique par l’enquête et les sciences sociales. Nos échanges avec nos ami·e·s syrien·ne·s, rencontré·e·s à la frontière turco-syrienne et en Iraq, puis dans d’autres lieux d’exil en Europe, étaient ainsi d’abord fondées sur l’appartenance à une même séquence historique au sein de nos sociétés arabes, l’espoir inouï puis le désastre. La violence de la situation syrienne – où le Ba’th a conduit une guerre d’extermination contre sa propre société – était pourtant sans commune mesure avec la variété des drames pourtant nombreux qui affectaient la région. Elle ne nous en semblait pas moins paradigmatique, quoique sous un jour éminemment tragique, des impasses sociopolitiques arabes, du rapport entre minorités et majorité, des relations entre groupes sociaux réputés plus ou moins modernisés ou de la question théologico-politique qui s’est reposée à nouveaux frais.

Tout cela n’était pourtant que peu de choses face au coût exorbitant de l’écrasement de la révolution syrienne, des millions de vies qui avaient été arrachées, emprisonnées, exilées. Cet écrasement devait inaugurer un abîme cataclysmique à l’échelle mondiale, d’où une noirceur insondable s’est propagée, ce que l’écrivain Yassin al-Haj Saleh a nommé la « syrianisation du monde ». Cette terrible période a eu pour acmé le désastre moral du 7-Octobre, puis l’entreprise israélienne d’anéantissement de la Palestine qui s’en est suivie. C’est dans ce contexte que j’ai publié un premier texte dans les TQR, tentant de m’agripper malgré tout à l’expérience des révolutions de 2011, afin d’opérer une critique interne de la « conscience idéologique arabe » contemporaine, selon un terme que j’emprunte volontiers au philosophe et historien marocain Abdallah Laroui.

Comme beaucoup, le triomphe de la révolution syrienne m’a complètement pris par surprise, prodigieuse surprise, rare horizon d’espoir à l’heure d’une incontestable fascisation globale. Comme certains, je n’ai pas pu me retenir d’aller aussitôt que possible à Damas, à Yarmouk, à Saednaya, à Alep et en d’autres lieux. C’est de cette matière que les textes de cette chronique sont constitués. Poursuivant mon travail d’interrogation de la « conscience idéologique arabe », je ne prétends nullement offrir une perspective exhaustive quant aux dynamiques et enjeux de la vertigineuse réalité syrienne. Ces textes doivent plutôt être lus comme des « reportages d’idées », écrits à la première personne, dans lesquels j’espère saisir certains des traits historiques d’un moment appelé à être – pour tou·te·s – aussi miraculeux que décisif.

*

 Mais seule l’humanité rachetée a le droit à la totalité de son passé. Rachetée, c’est-à-dire libéréeCarlo Ginzburg, Du fromage et des vers, Paris, Flammarion, 1980, p. 21..

 

Dans les discussions enflammées qu’on entend dans les cafés syriens ou dans les cénacles à peine plus disciplinés où balbutie un nouveau dialogue national, une curieuse expression ne cesse de prendre de l’importance. Grossissant à mesure qu’on l’emploie, elle risque d’engloutir la miraculeuse surprise d’une libération inespérée. Les « amis du sang » : cette expression si vorace est d’origine religieuse. Elle a été redécouverte par la société syrienne alors que le régime du Ba’th, cet État de barbarieOn reconnaitra l’expression du regretté Michel Seurat (1947-1986), près de quarante ans après son enlèvement et son assassinat par le Hezbollah., lui opposait un ultimatum on ne peut plus clair : « Assad, ou nous brûlons le paysCatherine Coquio, Joël Hubrecht, Farouk Mardam-Bey et Naïla Mansour (dir.), Syrie, le pays brûlé (1970-2021): Le livre noir des Assad, Paris, Seuil, 2022. ».

Dans la jurisprudence islamique, l’expression désigne ceux et celles qui héritent des victimes d’injustice, légataires habilités à exiger ou à renoncer au droit à la vengeance. Ce statut donne lieu à une rare égalité de genre, amis et amies portant identiquement le souvenir du crime et la responsabilité morale qui en découle.

Six semaines après la chute du tyran Bachar el-Assad, qui avait juré de régner ilā al-abad (« pour l’éternité »), les « amis du sang » s’interrogent désormais : que faire face à l’ampleur du désastre ? Que faire pour les morts et les disparus, mais aussi pour les dizaines de milliers d’enfants affamés – orphelins ou non – qui errent dans les rues d’Alep, Homs ou Damas ? À l’heure de sa libération, l’exorbitante tragédie subie par « le pays brûlé » exige autant un jugement porté sur le terrible passé que la perspective d’un avenir meilleur, une mise en mémoire de la folie assadienne autant que la responsabilité pour les vivants. S’agit-il d’une contradiction ? D’emblée, on priorise : la crise économique est telle que tout doit être subordonné à sa résolution. Les crimes commis sont si lourds qu’il ne faudrait pas risquer de briser la fragile concorde nationale en désignant trop vite ceux qui ont si avidement pris part aux horreurs – par-delà le nidhām (« régime ») dont tous s’entendent désormais à dire qu’il fut effectivement malfaisant. Se pourrait-il pourtant que le dilemme entre le solde de tout compte et l’urgence du présent soit moins insoluble qu’il n’y a d’abord paru ?

Ces dernières semaines, parmi les fractions de la société syrienne demeurées jusqu’au bout loyales au régime, la critique des décennies d’abus et d’exploitation économique éclate enfin au grand jour. La pauvreté inouïe des mou’ayidīn (partisans) et de leurs familles, le système de prédation du parti-État et en particulier de sa garde prétorienne tant redoutée – la fameuse 4e division blindée – et finalement la fuite désordonnée et crapuleuse du tyran ont fini de lui aliéner ses derniers soutiens. À Douma, ville-martyre de l’immédiate banlieue de Damas, un officier sunnite de la défunte Armée arabe syrienne me dit toute sa détestation du régime : « Les salaires étaient bas, il nous était impossible de vivre ». Un autre officier, alaouite de Homs, acquiesce : « À part Bachar et son clan, nous avions tous des difficultés ».

La souffrance serait-elle le principe unificateur d’une société syrienne hébétée par tant de violence ? Cette idée se répand parmi les « amis du sang », qui font ainsi preuve d’une incontestable grandeur morale. « Tout le monde en Syrie a perdu à cause du régime », disent certains d’entre eux lors des innombrables conférences-débats qui agitent le « pays brûlé » assoiffé de politique. Malgré son indéniable générosité, cet élan échoue à convaincre ceux auxquels il est destiné.

Les anciens partisans du régime, ceux qui se soumettent désormais à la révolution triomphante, ont sans conteste enduré la mainmise baathiste sur le pays, mais ils n’ont eu à souffrir ni les bombardements au baril et les disparitions forcées, ni l’exil plein de dangers et la vie dans les camps de fortune d’Idlib, du Liban, de la Jordanie ou d’Iraq. Quel aurait été le point de vue des mou’ayidīn sur le régime d’Assad si celui-ci avait su assurer leur prospérité ? Certains, heureusement minoritaires, regrettent déjà la tyrannie du Ba’th.

Ces derniers jours en Syrie, un étrange phénomène a ainsi eu lieu : la rumeur du retour de Maher al-Assad – frère du président déchu, représentant l’aile la plus cruelle d’un État dont la norme était la brutalité – a enflé dans les villes du littoral qui ont longtemps formé le cœur battant du régime assadien. Certains ont repris les armes, espérant inverser la défaite eschatologique du Ba’th ; leur tentative a rapidement été mise en échec par l’action conjuguée des nouvelles autorités et de la réaction populaire.

On a dit de certains « amis du sang » empreints d’esprit de concorde nationale qu’ils étaient prêts à passer outre l’écart béant qui sépare les partisans insuffisamment récompensés des victimes de l’État de barbarie. Mon officier de Douma se charge de dissiper la méprise d’une réconciliation trop facile : « les récits d’attaque à l’arme chimique de la Ghouta orientale sont du tahwīl ». Tahwīl : l’exagération destinée à effrayer, dans le but d’attirer une sympathie injustifiée.

Le pays bruisse pourtant de violences trop longtemps tues. Dans la région de Homs, capitale de l’élan révolutionnaire où s’était fait connaître Abdel Basset Sarout, ville-monde reprise et détruite par le régime en 2014, des villages alaouites ont fait face ces derniers jours au déchaînement de la vindicte vengeresse. On tue d’abord des officiers baathistes de haut rang, avant que la colère n’emporte également leurs voisins. Les représailles sont pourtant rares en comparaison de situations historiques analogues, contenues tant bien que mal par le Comité de libération du Levant (Hay’at Tahrīr ash-Shām) qui a défait AssadLe terme as-Shām signifiant le Levant désigne également Damas.. Malgré quelques velléités de révolte çà et là, le littoral alaouite est ainsi bien protégé, sans doute plus que d’autres régions de Syrie, en particulier les régions rurales où des forcenés réunis en « Brigades des partisans de la Sunna » ont récemment donné libre cours à un sanglant esprit de revanche.

On aurait pourtant tort – comme y invitent déjà les sempiternels spécialistes ès sectarisme moyen-oriental – de ne voir dans ces épisodes de vengeance que l’expression de différends théologiques perpétuellement ressassés. Plus qu’un atavisme ancestral, la crainte des minorités religieuses à l’encontre de la majorité sunnite s’était renouvelée dans le ba’thisme à travers le processus de modernisation-nationalisation du paysCet aspect du problème fera l’objet d’un autre texte.. La majorité était tenue pour trop conservatrice, trop sous-développée, trop nombreuse – racisme social authentiquement moderne qui aboutissait logiquement à un impératif d’endiguement. Cette politique minoritaire trouvait sa vérité en un lieu bien déterminé à défaut d’être exclusif : Saednaya.

Ce nom terrible a fait le tour du monde, à mesure que nous parvenaient les images miraculeuses de rescapés stupéfaits d’être soudain libres. Au lendemain de la libération, des Syriens venus de toutes les régions du « pays brûlé » avaient afflué à Saednaya et aux nombreuses autres prisons de l’univers concentrationnaire assadien. Les « amis du sang » ne pouvaient se laisser aller à la liesse populaire sans s’élancer fébrilement à la recherche des leurs. Hélas, quelques centaines seulement parmi eux avaient été sauvés. Le reste – plus de 113000 disparus – n’a pas été retrouvé. À Saednaya, aux premiers jours de la libération, une sorte d’hallucination collective a eu lieu, illusion de détentions secrètes sous la prison officielle désespérément videÀ la veille de la libération, les autorités pénitentiaires ont assassinés de nombreux détenus, parmi lesquels Mazen al-Hamada, témoin essentiel de la torture dans les geôles assadiennes. Voir le livre de Garance Le Caisne, Oublie ton nom. Mazen al-Hamada, mémoires d’un disparu, Paris, Stock, 2022., d’où l’on a cru entendre les appels au secours des disparus. En Syrie, les premiers instants de la libération ont été consacrés au forage frénétique des sols.

Ma visite à la prison a eu lieu quelques semaines après l’afflux des familles et des journalistes. Depuis la place des Abbassides à Damas, un mini-bus de service a pour destination le village araméen de Saednaya – nom vénérable ainsi volé par le régime assadien. L’arrêt devant la prison n’est pas prévu, je dois demander brusquement au chauffeur de s’arrêter devant ses murs récemment peints du drapeau révolutionnaire et de slogans sans équivoque : « nous n’oublierons pas l’abattoir humain, nous ne pardonnerons pas », « nos disparus sont une douleur pour l’âme, une épine dans la victoire ».

La découverte quotidienne de fosses communes insoupçonnées a remplacé la recherche fiévreuse des disparus. La prison n’est plus gardée que par quelques jeunes soldats de la libération : « tu peux visiter, mais il te faudra une voiture, la prison est loin derrière le mur d’enceinte ». En désespoir de cause, je commence par rebrousser chemin en direction de Damas, peut-être secrètement soulagé. À quelques dizaines de mètres de la prison, je rencontre un chauffeur de taxi qui me propose de la visiter ensemble ; lui aussi veut contempler l’horreur de ses yeux.

Mon acolyte inattendu est du coin, il s’appelle Abou Hadi. Il a vécu plusieurs années à Idlib, la poche révolutionnaire du nord-ouest d’où se sont élancés les soldats de la libération, avant de revenir dans sa région à la chute du régime assadien. Les jeunes hommes qui gardent la prison ne lui sont pas étrangers. Abou Hadi les a connus lorsqu’ils n’étaient que des enfants survivant tant bien que mal à la faim et au froid des camps de fortune d’Idlib, où se massaient toujours plus de déplacés à mesure que l’État de barbarie paraissait gagner la guerre contre sa société. Les soldats qui nous accompagnent cette fois jusqu’à la porte de la prison refusent pourtant d’y entrer. « Je l’ai vu trop de fois, je n’en peux plus », me dit l’un d’entre eux, aussi précocement aguerri au combat militaire soit-il.

La prison comptait perpétuellement plusieurs dizaines de milliers de détenus, opposants chevronnés, entourages suspectés par association ou anonymes arrêtés pour un mot ou un regard. Quoique Saednaya ait été un haut lieu de la torture dont le régime assadien avait fait sa règle, la prison ne servait guère à extorquer les aveux de ceux que l’on y avait enterrés vivants. Ces confessions avaient été déjà arrachées ailleurs, dans la constellation de services de renseignements – on en comptait plusieurs dizaines dans le régime d’Assad – qui étranglaient le « pays brûlé ».

La torture à Saednaya n’avait ainsi nulle autre visée que la terreur paroxystique dont les pauvres morts-vivants suppliciés étaient les infortunés messagers (ad-dākhil mafqōd wa al-khārij mawlōd« Celui qui entre est perdu, celui qui sort renait ». Cette formule servait à décrire les prisons syriennes dans leur ensemble., portant dans leurs corps la nouvelle d’une barbarie innommable. Il fallait pourtant bien que la rotation se fasse, que les morts-vivants cèdent leurs cellules bondées à d’autres guère mieux lotis, que la terreur continue son œuvre. La « solution » assadienne – en écho à une autre « solution(note: À la différence de toute métaphore, la filiation qui lie le régime assadien au nazisme est circonstanciée. Aloïs Brunner, second d’Eichmann, ancien commandant du camp de Drancy, est devenu après-guerre le conseiller de Hafez al-Assad, pour lequel il a conceptualisé l’appareil sécuritaire baathiste. Plusieurs méthodes de torture utilisées dans les prisons syriennes venaient ainsi du nazisme (le Boger swing, la chaise allemande etc.). » – était bien moins nuancée que les contorsions discursives de ses soutiens occidentaux anti-impérialistes : une presse de cinquante tonnes pour broyer les corps, un crématorium pour disposer des restes. Tout au long de notre visite, Abou Hadi n’a de cesse de psalmodier la supplique que l’on entonne en terre musulmane lorsque règne la nuit sombre. « Ya latīf » : ô Miséricordieux.

Le traumatisme d’une cruauté si exorbitante peut-il finir par s’estomper ? J’ai écrit plus tôt que les « amis du sang » oscillaient entre la performance de l’oubli et l’esprit d’une vengeance vertueuse. Il me faut ici rectifier mon propos : l’espoir né d’une victoire miraculeuse trace un chemin sinueux mais bien réel de réparation collective pour ce « pays brûlé ». Une chorale de femmes dans le caravansérail brisé d’Alep chante la fierté d’une libération prodigieuse. Un soldat de la libération est présent, il se filme en fredonnant lui aussi les refrains révolutionnaires. Le spectacle finit, l’assistance ne peut pourtant s’empêcher de continuer de chanter : « un, un, un, le peuple syrien est un », « porte ta tête haute, tu es un Syrien libre », etc.

Le vendredi après-midi, après la prière, au pied de la citadelle détruite, des familles sont en promenade. Scènes populaires reconnaissables entre toutes, dans le monde arabe et au-delà. En Syrie, néanmoins, les marchands de sucreries et de ballons gonflables ont ajouté à leurs activités lucratives la vente de drapeaux aux couleurs de la révolution, ainsi que les portraits de Sarout. Des jeunes adolescents donnent quelques billets à un groupe de percussionnistes afin qu’ils puissent danser la dabké ; ils sont rapidement entourés de badauds admiratifs.

Les soldats sont pourtant la principale attraction de l’après-midi. Destinataires souriants d’infinies demandes de selfies, ils se prennent parfois en photo en compagnie des passants avec leurs propres téléphones – étrange inversion propre aux retrouvailles nationales inespérées.

Quelques jours plus tard, à Bab Touma, quartier chrétien de la vieille ville de Damas, l’annonce par les nouvelles autorités de la dissolution du Ba’th et de l’Armée arabe syrienne suscite de nouvelles explosions de joie. Des sempiternels coups de feu en l’air sont comme une réminiscence de ce matin de décembre où la nouvelle de la fuite d’Assad avait embrasé les consciences.

Le lendemain, je suis témoin d’une scène aussi fugace que touchante. Des enfants jouent au loup dans le parc sur fond sonore de Janna ya watana (« Notre nation, ce paradis », une chanson de Sarout). L’un d’entre eux a pour animal de compagnie une sorte de perruche ayant élu domicile dans son cou. Trois soldats passent par là ; ils demandent au jeune ami des oiseaux s’ils peuvent lui acheter son compagnon. « Même pas pour un million de dollars », répond l’enfant aux hommes en armes, dans une scène aussi banale qu’impensable au temps de l’État de barbarie.

À Idlib, avant la libération, l’autorité qui régnait tant bien que mal sur la dernière région révolutionnaire s’était autoproclamée « Gouvernement du salut ». Le terme était sans doute aussi étrange que juste. Qu’on n’en doute pas : la joie, qui est volonté de vivre, est elle-même source de salut. Cependant, la tâche qui attend la société syrienne est vertigineuse. La victoire révolutionnaire n’est qu’un commencement. Dans le temps d’après, le salut ne viendra que d’une force morale à la hauteur des horreurs surmontées. À Saednaya libérée, les murs l’ont proclamé : il est une épine dans toute victoire.

(11 février 2025)


Comment citer ce texte

Hamza Esmili , « Chronique d’une libération Reportages de Syrie 1/4 En Syrie, la possibilité du salut », Les Temps qui restent, Numéro 5, Printemps (avril-juin) 2025. Disponible sur https://lestempsquirestent.org/fr/numeros/numero-5/chronique-d-une-liberation-br-reportages-de-syrie-1-4