Décivilisation écologique: apprendre à vivre à l’improviste dans les temps qui restent

L’heure serait à la « transition » vers une « civilisation écologique » ? Restituant l’histoire de cette notion, mise en œuvre ironiquement dans la Chine contemporaine, le philosophe Martin Savransky lui oppose le projet d’une décivilisation écologique. Comment penser un effort collectif qui essaie, certes, de rendre la vie meilleure sur la Terre, mais ne le fait pas dans la figure du progrès, d’une norme universelle, d’un monde unifié et d’un temps linéaire ? Les temps qui restent seront des temps où la vie bonne ne peut que s’improviser, localement, précairement, expérimentalement.

"La difficulté est celle-ci: - Il paraît impossible de concevoir une réorganisation de la société propre à supprimer quelque mal reconnu, sans détruire l'organisation sociale et la civilisation qui en dépend. Un malheur du même genre veut qu'il n’existe pas de moyens connus de supprimer un mal sans amener des maux pires d’un autre genre." (Alfred North Whitehead, Aventures d'idées)(note: "The difficulty is just this :– It may be impossible to conceive a reorganisation of society adequate for the removal of some admitted evil without destroying the social organisation and the civilization which depends on it. An allied plea is that there is no known way of removing the evil without the introduction of worse evils of some other type." (Alfred North Whitehead, Adventures of Ideas))

Introduction : les changements climatiques du progrès

Dans les pages « Opinion » du New York Times, le vétéran Roy Scranton écrit sur ce qui deviendra ensuite le thème principal de son lapidaire Learning to Die in the Anthropocene, et se rappelle un jour, deux ans et demi après son retour d’Irak, quand, « en sécurité chez [lui] à Fort Sill, dans l’Oklahoma, [il] pensai[t] s’en être sorti(note: Voir Roy Scranton, “Learning How to Die in the Anthropocene”, New York Times, 2013: https://opinionator.blogs.nytimes.com/2013/11/10/learning-how-to-die-in-the-anthropocene/ ainsi que son ouvrage Lear…

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