Small is beautiful

Ils sont petits, nous les agressons. Nous les coupons en deux d’un négligent coup de bêche ou les aplatissons de nos godillots, quand ce ne sont pas de géantes machines agricoles, notre bitume, notre béton ou une chimie vénéneuse qui leur rendent la vie carrément impossible : ce sont les vers de terre, immémoriaux architectes fouisseurs de notre sol. Pour Michel Arbatz, ce prolétariat du dessous méritait sa chanson.

Small is beautiful, ce m’est depuis longtemps une profession de foi, les petits riens font de beaux jours, contre l’invasion des soi-disant « géants » de la tech, et autres hypers. C’est en lisant l’an dernier le livre de Dave Golson, Terre silencieuse, qui fait écho à celui de de Rachel Carson, Printemps silencieux, paru en 1962, que j’ai pensé à nos amis du dessous, et à leur incontournable utilité dans l’immense et merveilleux tarare de la biodiversité. Certes, ils ne prennent pas tous une pose esthétique en forme d’esperluette comme celle que vous voyez dans l’image, mais il me semble que ce prolétariat innombrable qui enrichit l’humus depuis des millions d’années a bien droit, lui aussi, à une chanson. Et qu’au fond il aura, dans notre vie, le dernier mot. Respect, donc, comme on dit…
Michel Arbatz

Comment citer ce texte

Michel Arbatz , « Small is beautiful », Les Temps qui restent, Numéro 5, Printemps (avril-juin) 2025. Disponible sur https://lestempsquirestent.org/fr/numeros/numero-5/small-is-beautiful