anthropocène
Qui ou quoi est l’anthropos de l’Anthropocène ?
L’anthropos de l’Anthropocène est-il un qui (un agent responsable) ou un quoi (un objet géologique) ? Catherine Malabou dissèque ici la critique heideggérienne de la réduction de l’humain à un « quoi » par la métaphysique occidentale, la déconstruction derridienne du glissement réversible entre le « qui » et le « quoi », ainsi que les fameuses thèses de Chakrabarty qui font de l’humanité une force géologique impersonnelle. Alors que la distinction entre agent et objet s’effondre, elle se tourne vers Bateson et Guattari pour articuler écologie mentale et écologie environnementale et penser ainsi la possibilité d’une responsabilité infinie face à l’urgence climatique.
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Les paradoxes de l’anthropocentrisme
Alors que le concept de l’Anthropocène souligne l’impact profond de l’humanité sur les systèmes terrestres, une question essentielle se pose : pouvons-nous échapper à la pensée centrée sur l’être humain qui a alimenté cette crise ? Zoltán Boldiszár Simon analyse les paradoxes qui lient l’anthropocentrisme à l’Anthropocène, et révèle comment les efforts déployés pour lutter contre l’effondrement écologique perpétuent souvent la logique même qu’ils visent à démanteler. Sommes-nous pris au piège de nos propres contradictions ?
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Invasions du passé. D’une crise d’échelles
Et si la crise climatique n’était pas seulement une crise du système-Terre, mais aussi une crise des temporalités historiques ? En croisant Dipesh Chakrabarty et Andreas Malm, Pierre Schwarzer retrace les effets de la collision entre le temps de la planète et celui du capital. À travers une relecture critique de l’histoire énergétique, il déconstruit l’illusion d’une « humanité » monolithique, qui masque les inégalités économiques et les rapports de pouvoir sous-jacents. Il nous invite à repenser le concept d’anthropocène et à repolitiser ces temporalités éco-socio-historiques pour rejeter la fatalité – bref, à rouvrir cette histoire enchevêtrée pour mieux la transformer.
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Récits plus qu’humains : comment la narration, en partant d’en bas, interroge les échelles historiques de la crise écologique
Comment traverser la collision des temps humains, géologiques et capitalistes dans l’Anthropocène ? À travers une enquête de terrain sur les sanatoriums de Tskaltubo, en Géorgie, l’autrice aborde l’architecture en décomposition comme une archive vivante : des communautés déplacées, une flore envahissante et une négligence capitaliste s’entremêlent à toutes les échelles. En fabulant avec les ruines et les plantes, le texte propose des récits qui résistent aux histoires monolithiques. Les histoires fragmentées et situées peuvent-elles guérir notre imagination temporelle fracturée ?
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Au-delà de toute échelle : auto-extinction et réalisation de la raison
Face à des menaces d’une ampleur inédite, telles que la bombe atomique ou la catastrophe climatique, notre capacité à comprendre et à agir est mise à rude épreuve : nous oscillons entre le sentiment d’une mobilisation urgente et la paralysie totale. Ces dangers transforment notre rapport au temps et à l’humanité, mettant en crise l’idée même d’un sujet collectif capable d’agir. Comment, dès lors, repenser la mesure et le fondement de l’action politique ? Inspiré par Günther Anders, Marcus Quent décrypte ici l’épuisement de la pensée critique face aux catastrophes modernes.
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Gagner du temps face à l’imminence de la catastrophe
Alexander García Düttmann affirme qu’une crise mondiale – l’anéantissement nucléaire, l’effondrement écologique – ne peut être résolue par des tractations réformistes. S’inspirant de l’essai de Maurice Blanchot « L’apocalypse déçoit », il présente la catastrophe comme une ouverture paradoxale : tout en signalant l’autodestruction potentielle de l’humanité, elle oblige à prendre conscience des échecs du système, poussant ainsi vers une rupture révolutionnaire. Et si, pour retarder le désastre et poser les frêles fondements d’une réinvention collective, il fallait faire de l’ambivalence une arme, « comme si l’on n’avait rien à perdre, ou comme si tout était déjà perdu » ?
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Le manège
Michel Arbatz, dans le cadre de sa chronique, partage un titre de la chanteuse montpelliéraine Mélanie Arnal, « Le manège ». Tourne, tourne la folie des humains… Embarquez dans ce carrousel d’impertinence et de nostalgie, de drôlerie et de rébellion. Résister, dans les temps qui nous restent, exige aussi une force de joie.
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Entretien avec Jean-Baptiste Fressoz sur Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie
Troisième diffusion de L’émission du fictionnaire animée par Dominiq Jenvrey. Dans cet épisode, il s’entretient avec Jean-Baptiste Fressoz à propos de Sans transition. Une nouvelle histoire de l’énergie, publié au Seuil en 2024. À la technique : Karl Verdot.
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Abolir le sport
Le sport n’est pas seulement un ensemble de pratiques, mais une institution - et cette institution doit être abolie. Telle est la thèse défendue ici par Patrice Maniglier. Thèse provocatrice, mais d’abord au sens où elle provoque à la réflexion. Comment penser l’étrange place que le sport occupe dans notre monde ? Pourquoi est-il si consensuel ? Sommes-nous dans l’Olympianocène ? Ce texte s’inscrit dans la rubrique « Débats » des Temps qui restent, en répondant à un article publié antérieurement dans la revue. Il fera certainement débat.
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Temps du monde/Temps de l’anthropocène: le simultané du non-simultané
Le créateur des notions de « régimes d’historicité » et de « présentisme », aujourd’hui incontournables, l’historien François Hartog, prolonge ici ses réflexions sur le temps. Il note que tout temps historique organise toujours une conjonction du simultané et du non-simultané : ainsi les spectres sont-ils passés et présents, le Dieu incarné dans le Christ éternel et temporel, les Indiens que rencontrent les espagnols contemporains et archaïques, le progrès présent et futur, etc. Il esquisse alors une grande frise qui va de l’Antiquité à aujourd’hui, pour présenter « l’Anthropocène » une nouvelle figure de ce simultané du non-simultané. Apprendre à vivre dans ce temps, c’est déjà se doter des outils pour le penser.
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Entre roche et cerveau : en quoi consiste exactement une « écologie de l’esprit » ?
Relisant les concepts de “double bind” et de différence chez Gregory Bateson, Catherine Malabou explore ici les méandres paradoxales contenues par l’idée d’une « écologie de l’esprit ». Les subjectivités contemporaines (ou « modernes ») doivent se saisir comme choses, mais elles peuvent le faire de deux manières: soit comme cerveau (évolution), soit comme terre (anthropocène). Double schize donc, qui dit bien l’affolement des temps présents.
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