Le manège

Michel Arbatz, dans le cadre de sa chronique, partage un titre de la chanteuse montpelliéraine Mélanie Arnal, « Le manège ». Tourne, tourne la folie des humains… Embarquez dans ce carrousel d’impertinence et de nostalgie, de drôlerie et de rébellion. Résister, dans les temps qui nous restent, exige aussi une force de joie.

Mélanie Arnal, chanteuse, violoniste et compositrice, vit dans la région de Montpellier. Elle se produit sur scène selon différentes formules,  écrit des textes caustiques, joyeux, féministes et humoristiques. Élue dans sa commune de l’Héraut, elle y œuvre à la transition écologique. « Le manège » est extrait de son second album, intitulé « Y a des jours ». S’inspirant de la rythmique à cinq temps de « Jet set », de Nougaro, Mélanie Arnal dit les conséquences d’une humanité qui perd toute mesure, dans une chanson qui pourrait être un écho au film Don’t look up (mais qui fut écrite bien avant). M.A.

La danse des planètes

et des galaxies

c’est une valse infinie!

La ronde des étoiles

quelle chorégraphie

quel trésor d’orfèvrerie!

 

Qui donc a réglé

cette horlogerie

cette perfection

cette folie?!

Cette mécanique

ces tours de magie

le hasard ou Dieu,

quel génie!

 

Ya tout dans ce manège

dans cette tournerie

des ours polaires et des dunes

de l’or des fruits d’la neige

des petits colibris

et des anneaux de Saturne

 

Le roulis des vagues

et les orchidées

les volcans et les orangers

les loups les cascades

les nuits étoilées

les papillons les alizés…

 

Et nous tous sur la terre

humains riquiqui

On est comme des grains

de riz

Comme des grains de poussière

on a peur de l’infini

 

Alors dans c’bazar

on s’croyait malin

On a inventé les outils

les piles et les chars

les fours et les trains

le plastique la pétrochimie

 

Ils sont fous ces humains

Y avait tout, y a plus rien!

 

On a tout déréglé

forcé l’engrenage

avec toute notre quincaillerie!

On est le grain  de sable

qui coince les rouages

de notre joli paradis

 

Y a la mer qui monte

les déserts qui rampent

les courants marins qui dévient

Les volcans qui grondent

les icebergs qui fondent

les forêts qui brûlent

quelle folie!

 

Ils sont fous ces humains

Y avait tout, y a plus rien!

 

Bientôt plus d’manèges

plus d’ bonhommes de neige

de vin blanc sous les tonnelles

Plus de valse à Margot

d’balade à vélo

on descend du carrousel !

 

Que restera-t-il

des gymnopédies

et des chansons de Nougaro?

Des rues de Venise

des ponts de Paris

De Rembrandt et de Picasso?

 

Y a-t-il un horloger

puissant tout là-haut

pour remettre les pendules à l’heure?

Le tic-tac déréglé

l’aiguille de l’égo

nous la remettre sur le cœur?

 

Le plomb qu’on a dans l’aile

comme les petits moineaux

faudrait nous le remettre

dans l’cerveau

Mettre un tour de vis

un tour de manivelle

pour faire repartir notre bateau

 

Ils sont fous ces humains

Y avait tout, y a plus rien!

 

Comment citer ce texte

Michel Arbatz Mélanie Arnal , « Le manège », Les Temps qui restent, Numéro 4, Hiver (janvier-mars) 2025. Disponible sur http://lestempsquirestent.org/fr/numeros/numero-4/le-manege