De Sarah Vanuxem et son appel à « repenser le droit à l’âge de l’anthropocène » à Sabine Lavorel qui prônent la fabrique d’une « justice climatique », on a vu se multiplier, ces dernières années, les prises de position de la part de juristes en vue de proposer une vision plus « écocentrique des droits »(note: Nicolas Truong, « Entretien avec Sarah Vanuxem : repenser le droit à l’âge de l’anthropocène », Le Monde, 7 août 2021.). L’étendue de cette mobilisation des juristes et des juges est le signe d’une « climatisation du droit » qui concerne aussi bien la prise en compte de finalités variées (prévention, précaution, correction, progression) que la mise en place d’instruments juridiques de degrés de normativité variables (du plus contraignant au moins contraignant).
Or, comme le souligne la juriste Marta Torre Schaub, cette revendication de justice climatique se fait au nom d’un savoir scientifique : les sciences du climat(note: Marta Torre-Schaub, Justice climatique. Procès et actions, Paris, CNRS Éditions, 2020. Sabine Lavorel, La justice climatique. Prévenir, surmonter et réparer les inégalités liées au changement climatique, Paris, Charles Léopold, 2023.). Ce lien ne consiste pas en un simple rapport d’expertise externe, mais en une véritable interpénétration en vue de produire ou d’identifier des causes dans le domaine des phénomènes climatiques. Cependant, cette référence aux sciences du climat est trop souvent prise comme évidente, comme si cet ensemble de savoirs constituait un bloc homogène et univoque. Cette manière de voir nour…