Si les écologies autoritaires ne sont pas nouvelles, elles gagnent du terrain(note: Stephen Brain et Viktor Pal (dir.), Environmentalism under authoritarian regimes. Myth, Propaganda and reality, Londres, Routledge, 2019 (l’ouvrage est divisé en deux parties : l’une sur les régimes de gauche ; la seconde sur ceux de droite) ; Steve Hess, Authoritian Landscape. Popular Mobilization and the Institutional Sources of Resilience in Nondemocracies, New York, Springer, 2013 (porte sur toute une série d’études de cas : la Chine, les Philippines, Taiwan, Kazakhstan)). Depuis les années 1970 et 1980 en effet, on connaît les accointances entre le mouvement de l’écologie profonde (deep ecology) et sa critique de l’industrialisation qui rappellent les relations troubles établies entre eugénisme, racisme et protection de l’environnement dès la fin du XIXe siècle(note: Dans The coming Authoritarian Ecology, Londres, Wiley, 2018, Fabrice Flipo analyse le basculement du centrisme à l’eco-facisme). L’écofascisme peut renvoyer aussi bien à une conception autoritaire de mise en place de mesures coercitives qu'à un nationalisme vert qui lie préservation d’une nature patrimonialisée et identité nationale, en « écologisant » l’attachement au sol. Ces tendances sont d’autant plus dangereuses qu’elles s’opposent à d’autres reprises de la notion de territoire dans la pensée écologique du terrestre. En s’installant sur le même terrain, les pensées du terrestre ne sont pas neutres mais visent à proposer une nouvelle philosophie du sol détachée de cet héritage réa…
L’écofascisme : un air de déjà-vu ?
Alors que Donald Trump, à peine arrivé au pouvoir, enterre la lutte contre le changement climatique avec véhémence et relance son programme d’énergies fossiles, il est utile de s’interroger à nouveaux frais sur les écologies d’extrême droite qui ont émergé il y a un siècle. Mais d’où viennent ces écologies autoritaires ? Ne faut-il pas revenir aux sources du fascisme pour mieux les appréhender ? C’est le pari que fait une nouvelle génération d’historiens et d’historiennes qui s’interroge sur les contours de cet écofascisme italien.