recensions
Sur la puissance : À propos de l’écologie de guerre selon Pierre Charbonnier
Et si la paix internationale, tout comme la paix sociale, avait été achetée par la croissance économique, fondée sur la consommation massive de carbone ? Telle est du moins la thèse du philosophe Pierre Charbonnier dans son dernier livre, Vers l’écologie de guerre (La Découverte, 2024). Ce dernier exhorte ainsi l’écologie politique à intégrer une réflexion géopolitique, à jouer le jeu du pouvoir et de la puissance mondiale. Analyse et critique de l’ouvrage par Dominiq Jenvrey.
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Faut-il, et peut-on, politiser le « coucou-caché » ? Le couple Beauvoir-Sartre, 1929-1980
Sartre, dans Les Mots, se servait du mot-valise « Karlémami » pour désigner le couple formé par ses grands-parents. Esther Demoulin, elle, dans son livre Beauvoir et Sartre. Écrire côte-à-côte (Les impressions nouvelles, 2024), a enquêté de façon serrée sur cet étrange objet : le couple « Sartrébeauvoir ». Par-delà l’image, sulfureuse ou idéalement libre, qu’on a pu se donner de la relation des deux écrivains, par-delà le mythe de gémellité soigneusement forgé par Beauvoir elle-même, elle montre en quoi le déploiement de leur pensée, de leur écriture, de leur engagement est redevable des modalités changeantes de leur collaboration, complémentarité, entraide, concurrence ou répartition des tâches. Elle montre aussi que le féminisme de la seconde vague et la rencontre avec le MLF constituent une rupture. Un essai important qui brise à la fois le mythe du couple glorieux et celui de la solitude créatrice.
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L’écofascisme : un air de déjà-vu ?
Alors que Donald Trump, à peine arrivé au pouvoir, enterre la lutte contre le changement climatique avec véhémence et relance son programme d’énergies fossiles, il est utile de s’interroger à nouveaux frais sur les écologies d’extrême droite qui ont émergé il y a un siècle. Mais d’où viennent ces écologies autoritaires ? Ne faut-il pas revenir aux sources du fascisme pour mieux les appréhender ? C’est le pari que fait une nouvelle génération d’historiens et d’historiennes qui s’interroge sur les contours de cet écofascisme italien.
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La Haine du genre.
Sur Qui a peur du genre? de Judith Butler
Sur Qui a peur du genre? de Judith Butler
Le nouveau livre de Judith Butler, Qui a peur du genre ?, entend répondre aux discours anti-genre qui mettent en danger, partout dans le monde, les femmes et les personnes LGBTQI+. Pourquoi cette haine du genre, sur quels fantasmes s’appuie-t-elle et comment y répondre ? Dans sa recension de l’ouvrage pour les TQR, Romain Vielfaure revisite quelques-unes des pistes que propose Judith Butler. C’est également pour lui l’occasion de revenir sur l’évolution de la pensée de Butler, et de questionner la traduction française de son travail. De quoi Judith Butler est-iel le nom ?
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Le tournant hantologique de l’anthropologie
A l’occasion de la publication simultanée de La voix des fantômes de Grégory Delaplace et de Spectres de Marx de Derrida, Frédéric Keck remarque que le « tournant ontologique » de l’anthropologie contemporaine s’est prolongé en un « tournant hantologique » qui peuple de revenants les sciences humaines de notre monde post-soviétique. Car comment vivre avec des êtres qui hantent les places qui ne sont plus les leurs ?
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Paul Virilio : l’état de guerre permanent
Alors que Le Seuil réunit 22 ouvrages de Paul Virilio dans un « livre-bunker », Philippe Petit nous invite à redécouvrir la pensée de cet auteur inclassable, autodidacte, urbaniste, essayiste, qui eut son heure de gloire dans les années 1990-2000, mais semble aujourd’hui un peu oublié, et surtout mal compris. Virilio anticipe un monde de « guerre pure », généralisée, où l’information s’ajoute au ciel, à la mer et au sol comme terrain d’affrontement, un monde dont le temps infini est rattrapé par l’espace de la Terre finie, où « l’écologie grise » des infrastructures importent plus que la faune et la flore… un monde qui ressemble beaucoup au nôtre!
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L’herbier de Rosa
Dans sa deuxième chronique sur les temps carambolés, l’historienne Emmanuelle Loyer nous invite à lire le merveilleux Herbier de Prison (1915-1918) de Rosa Luxemburg, récemment publié, si contemporain de nous par sa manière de brouiller nos conceptions linéaires du progrès: « le parti des fleurs et des rossignols (…) est étroitement lié à la révolution ».
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