Jean-Baptiste Fressoz est un historien des sciences qui s’est très tôt spécialisé sur les enjeux climatiques et écologiques. Son livre L’évènement anthropocène. La Terre, l’histoire et nous, coécrit avec Christophe Bonneuil, a fait sensation à sa publication en 2013.
Sans transition a donné lieu, ces dernières années, à de multiples publications d’articles universitaires et à des conférences dans des colloques d’historiens. Le contenu de ce livre a donc été discuté dans les cercles académiques, si bien qu’il réunit un savoir qui a déjà été vérifié par ses pairs. Il n’a pas reçu d’objections sérieuses sur la thèse qu’il expose.
Sans transition présente une nouvelle histoire de l’énergie, afin de remplacer l’ancienne qui était celle d’une histoire phasiste de l’énergie. Cette histoire est généralement racontée comme une suite de transitions ou même de basculements du système énergétique. Or, ces histoires de transitions énergétiques sont des histoires simplistes. Cet essai d’histoire matérialiste démontre le danger de faire reposer nos visions du futur sur de la mauvaise histoire. Il s’agit donc d’écrire l’histoire correcte de l’énergie, afin de pouvoir s’appuyer dessus.
Il n’y a pas eu de transition énergétique par le passé. Les énergies se sont ajoutées les unes les autres. Mais les énergies et les matières ne se sont pas seulement empilées, elles sont également en symbiose entre elles, le bois, le charbon et le pétrole sont étroitement intriquées.
Le concept de transition énergétique a d’abord été le fait des débats sur la crise énergétique dans les années 1950-1970, il a été conçu aux États-Unis par les malthusiens atomistes. Puis, il a été absorbé par les débats sur le changement climatique, donc avec une perspective très différente que celle de la crise énergétique, le délai étant bien plus court. Le défi est différent pourtant il est pensé avec la même boussole de la transition. Les industries polluantes se sont ralliées à l’idée de la transition énergétique, et comme l’écrit Jean-Baptiste Fressoz « la transition énergétique est devenue le futur politiquement correct du monde industriel. »
Le concept de transition empêche de penser convenablement le défi climatique. Il produit de la confusion scientifique. Si bien que « la transition projette un passé qui n’existe pas sur un futur qui reste fantomatique. » Le problème de ce concept c’est qu’il dispose d’un très grand pouvoir d’influence, y compris au sein des instances du GIEC, et qu’il empêche des idées concurrentes d’être prises en compte et étudiées. À cause de ce concept, celui de sobriété est ignoré et évité par le GIEC.