anthropocentrisme
Qui ou quoi est l’anthropos de l’Anthropocène ?
L’anthropos de l’Anthropocène est-il un qui (un agent responsable) ou un quoi (un objet géologique) ? Catherine Malabou dissèque ici la critique heideggérienne de la réduction de l’humain à un « quoi » par la métaphysique occidentale, la déconstruction derridienne du glissement réversible entre le « qui » et le « quoi », ainsi que les fameuses thèses de Chakrabarty qui font de l’humanité une force géologique impersonnelle. Alors que la distinction entre agent et objet s’effondre, elle se tourne vers Bateson et Guattari pour articuler écologie mentale et écologie environnementale et penser ainsi la possibilité d’une responsabilité infinie face à l’urgence climatique.
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Les paradoxes de l’anthropocentrisme
Alors que le concept de l’Anthropocène souligne l’impact profond de l’humanité sur les systèmes terrestres, une question essentielle se pose : pouvons-nous échapper à la pensée centrée sur l’être humain qui a alimenté cette crise ? Zoltán Boldiszár Simon analyse les paradoxes qui lient l’anthropocentrisme à l’Anthropocène, et révèle comment les efforts déployés pour lutter contre l’effondrement écologique perpétuent souvent la logique même qu’ils visent à démanteler. Sommes-nous pris au piège de nos propres contradictions ?
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Du bon infini
Alexander Galloway développe une critique stimulante d’un discours écologique obsédé par la finitude, en diagnostiquant les distorsions idéologiques à l’œuvre lorsque l’humanité se replace au centre du jeu au moment même où elle cause sa propre destruction. Contre le fatalisme nihiliste (qui nous invite à « vivre avec » l’effondrement climatique), Galloway ressuscite le « bon infini » de la philosophie contemporaine dans le but de réinternaliser la crise comme une occasion d’agir politiquement. Pourrons-nous troquer l’orgueil égocentré pour un amor fati révolutionnaire, afin de transformer le déterminisme climatique en une action politique qui mette fin au capitalisme ? Un appel audacieux à nous ressaisir de l’infini pour lutter contre l’apathie.
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Récits plus qu’humains : comment la narration, en partant d’en bas, interroge les échelles historiques de la crise écologique
Comment traverser la collision des temps humains, géologiques et capitalistes dans l’Anthropocène ? À travers une enquête de terrain sur les sanatoriums de Tskaltubo, en Géorgie, l’autrice aborde l’architecture en décomposition comme une archive vivante : des communautés déplacées, une flore envahissante et une négligence capitaliste s’entremêlent à toutes les échelles. En fabulant avec les ruines et les plantes, le texte propose des récits qui résistent aux histoires monolithiques. Les histoires fragmentées et situées peuvent-elles guérir notre imagination temporelle fracturée ?
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La pleurabilité du vivant (2/3)
Ce texte est le second volet de l’essai inédit que Judith Butler a confié aux Temps qui restent sur les expériences du temps qui émergent de la catastrophe climatique et des guerres en cours. Dans le premier volet, Butler soutenait que « la temporalité de la scène du deuil a changé ». Ici, Butler propose une relecture des textes de Merleau-Ponty des années 1950 sur la temporalité. On y voit le cofondateur des Temps Modernes se débattre avec une vision anthropocentrée du temps, dont il comprend qu’elle ne suffit pas à rendre compte d’elle-même. Butler s’efforce de nous convaincre que ce n’est qu’en prenant au sérieux l’intrication des temporalités humaines et autres-qu’humaines qui nous débordent de tous les côtés que nous pourrons mieux saisir en quoi consiste, précisément, notre temps. Le temps des autres est ainsi irrémédiablement impliqué dans le nôtre…
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Follow the Water
À la frontière entre le documentaire et la fable, le film de Pauline Julier et Clément Postec Follow the Water explore le désert d’Atacama, au Chili. C’est là, aux abords des salars de lithium, que des scientifiques entraînent leurs rovers pour explorer la planète Mars, et que des groupes autochtones se battent pour le droit d’accès à l’eau… La question se pose donc : que révèle cette quête de traces de vie sur d’autres planètes quant à notre propre manière d’habiter la Terre ? À découvrir : un entretien passionnant avec la cinéaste.
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Les temps humains de l’Anthropocène
Zoltán Boldizsár Simon propose d’analyser les “temps de l’Anthropocène” sous l’angle des “conflits temporels” qui opposent les diverses manières de répondre à la catastrophe climatique et montre qu’ils invitent à repenser la catégorie même d’anthropocentrisme en se demandant jusqu’où celle-ci apparaît véritablement dépassable.
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Les droits de la nature : une sortie de la modernité juridique ?
La nature doit-elle avoir des droits ? Dans cet article, Marine Yzquierdo défend l’idée que l’attribution de droits à la nature est une révolution juridique nécessaire pour empêcher la destruction de la nature à laquelle le droit moderne a contribué, et elle montre que cette révolution a déjà commencé.
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Devenir angélique ou humanité perspective :
l’anthropologie chrétienne à l’épreuve des cosmologies animistes
l’anthropologie chrétienne à l’épreuve des cosmologies animistes
L’encyclique du pape François Laudato Si’, en 2015, sonnait comme un virage écologique dans la théologie politique catholique. Invité à se prononcer sur cet événement, l’anthropologue brésilien Eduardo Viveiros de Castro soutient que ce retour du christianisme à la Terre bute sur son anthropologie : l’être humain se distingue de toutes les autres créatures par son devenir angélique, promis pour la fin des temps. Il lui oppose une autre manière de penser l’exceptionnalité humaine : celle de « l’animisme », notamment dans les cosmologies amazoniennes, où l’humain est la forme que toute entité a pour elle-même. Ce n’est pas alors dans le temps, mais dans l’espace, que l’humain négocie sa différence. Et de conclure : on a besoin de « procéder à une réforme agraire en philosophie »…
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