Poésie commune
“Poésie commune” est un espace dédié aux voix poétiques contemporaines. Elle entend témoigner du bouillonnement d’une pratique plurielle qui refuse d’avoir à choisir entre lyrisme et recherche formelle, entre expression individuelle et voix collective, entre la séparation du poème et son engrènement dans le monde.
Dire la poésie commune, c’est dire la singularité d’une poésie qui produit du commun où trouver la force de se réfugier mais aussi de se rebiffer, de biffer les récits en inventant des langues et des énonciations. Dire la poésie commune, c’est dire une poésie qui aujourd’hui éprouve-et-pense, dit je, tu, nous, on, est grave, virulente, drôle, émouvante sans jamais se complaire ni dans le biographisme ni dans la déploration. Dire la poésie commune, c’est dire une poésie qui déraille, tempête, joue, fabrique des formes, bref fait l’expérience du monde. Dire la poésie commune, c’est dire le paradoxe d’un lyrisme irréductible au seul sujet, d’une voix immédiatement collective sans être assignable, d’une expérience poétique qui est aussi d’avant et d’après le poème, inséparable de ses conditions comme de ses effets, du lieu-milieu où il s’énonce et de la manière dont il prend corps, essaime, circule.
“Poésie commune” est un collectif d’autrices et d’auteurs dont les membres sont : Elsa Boyer, Patrice Blouin, Lénaïg Cariou, Frédérique Cosnier-Laffage, Séverine Daucourt, Elke de Rijcke, Bastien Gallet et Laure Gauthier.
(L’image de couverture est une photographie de Frédérique Cosnier-Laffage.)
Comment défaire un destin – fragment fol
« Comment défaire un destin – fragment fol » est une expérimentation à la croisée de la poésie et des écritures du réel qui donne à un cas clinique rapporté par un psychiatre un autre destin que celui qui lui est fait dans le texte initial (Leçons cliniques sur la démence précoce et la psychose maniaco-dépressive du psychiatre allemand Emil Kraepelin, 1856-1926). Ni reproduction d’un délire, ni traduction poétique de théories psychanalytiques ou psychopathologiques, ni non plus montage d’archives psychiatriques, le geste de réécriture et de déplacement poétique que propose Coline Fournout tente de faire glisser la folie en dehors d’une grille de lecture exclusivement clinique.
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Digital Dummies
Cette nouvelle livraison de “Poésie commune” est véritablement commune : elle réunit une poétesse et un poète qui n’ont pas écrit ensemble, qui n’appartiennent pas à la même génération mais qui cependant font à la poésie quelque chose de comparable: leurs textes vont chercher la poésie dans les flux constants de l’audiovisuel le plus ordinaire qui médiatisent nos réalités politiques et vécues. En les réunissant, on espère faire sentir cet ancrage commun. Tel Jim Carrey dans The Mask confrontant la plasticité de son corps à celle des effets spéciaux numériques, Elsa Boyer et Patrice Blouin exercent et mettent en balance leur (in)capacité de synthèse au miroir des intelligences artificielles. Ce faisant, ils produisent une forme nouvelle de littérature digitale.
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une idylle partielle
« une idylle partielle » est la fin d’un conte dystopique, mélusine reloaded (éditions Corti). Fabriquant à partir des ‘restes’ des récits du Moyen Âge des images dialectiques, Laure Gauthier fait revenir la fée mélusine dans des paysages désenchantés, un monde post-démocratique, multipollué et envahi de « Touristes Traversants » (TT) dont la langue, dévoyée, regorge d’acronymes. « une idylle partielle » est le moment où la fée, loin de s’échapper par les airs, au moment où son animalité est découverte, accepte de rentrer dans le temps de l’Histoire, de vieillir donc. Ce long poème en prose transforme la tradition de l’idylle pour imposer une éthique de la fragilité : il ne s’agit pas là d’une faiblesse mais d’une conscience de l’état du monde humain et naturel : « L’apocalypse est un nom qu’il ne faudrait pas employer. Mélusine en propose un autre : un présent encore. C’est un chant suffisant. » Extrait accompagné d’une capsule sonore avec la voix de Laure Gauthier et la musique d’Oliver Mellano.
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Géo-lithographie du temps suspendu
« Géo-lithographie du temps suspendu » n’est pas un essai, mais un poème. Ce poème est la trace d’une quête : chercher ce qui se cache derrière cette silhouette grelottante, un peu décharnée, qu’on nomme « j ». j est un être sans forme, il n’appartient à aucun règne – humain, animal, végétal, minéral – mais emprunte un peu à chacun, ne serait-ce que pour se donner des contours un tant soit peu saisissables. Il évolue au gré des routes et des métamorphoses, « Géo-lithographie du temps suspendu » en est comme l’ombre projetée sur le flanc d’une montagne.
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Poudreuse (extrait)
Dans un rapport étroit à l’oralité, par la polyphonie de répliques poétiques entrechoquées, Poudreuse est un texte qui laisse émerger l’espoir du collectif au milieu des décombres d’un système économique et politique. Les « solistes » du libéralisme sont là, pris en embuscade par la langue qui débusque leurs mobiles, leurs manies, leurs tactiques. Et la neige, à la manière du temps qui passe, imperturbable dans sa chute et implacable dans sa manière de recouvrir le réel, vient traverser cette chronique imparfaite, à l’impératif hors mode, demandant au temps de l’écrire.
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